Les heurts et malheurs du sport féminin à travers les siècles

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Dans le cadre de la journée internationale du sport féminin créée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et le Comité national olympique en 2014, ayant pour mission de pallier la faible médiatisation du sport féminin et essayer de garantir cette équité représentative, découvrez cette chronique qui retrace la place des femmes dans le sport à travers l’histoire.

 

De l’Antiquité au Moyen-Âge : un traitement inégal du sport féminin

Dans la société contemporaine, la place des femmes dans le monde du sport semble d’emblée acquise malgré les différences de traitements médiatiques entre le sport féminin et le sport masculin. Pourtant, force est de constater que la discipline sportive a longtemps été conjugué au masculin. Cette première partie tend à replacer la femme dans ce processus et à montrer que le sport est aussi une affaire de femmes.

Nous pouvons remarquer que dès l’Antiquité, une certaine démocratisation du sport était à l’œuvre. En effet, en Grèce par exemple, les femmes pouvaient pratiquer des activités sportives. Une manifestation sportive, les jeux Héréens, leur était même dédiée. C’était une course de 160 mètres organisée tous les quatre ans à Olympie. Dans la capitale de l’Empire romain, les femmes avaient aussi cette liberté de pratiquer des activités sportives et même être gladiatrice.  En outre, elles pouvaient assister aux tournois sportifs masculins. Le Moyen-Âge, quant à lui, offre une tout autre vision. En effet, à l’époque médiévale, la place des femmes dans le sport est devenue minime voire inexistante. Cela est lié au caractère mouvant de la perception du corps féminin, la fonction première de la femme était alors la procréation ; seules celles issues des classes supérieures de la société pouvaient s’adonner à la pratique de l’équitation. Ce constat perdure à l’époque moderne où une grande majorité des femmes sont exclues des pratiques sportives outre l’équitation et le jeu de paume.

De l’époque moderne au XIXème siècle : une légitimation tardive de la femme dans le monde sportif

Dès le début de la période contemporaine, la condition des femmes et leur rapport avec le sport évoluent considérablement. De fait, le sport féminin devient de plus en plus encadré avec le premier traité de gymnastique féminine en 1820 signé à Londres. C’est un texte qui donne une plus grande visibilité à la femme dans le monde sportif et qui amorce cette certaine « féminisation » du sport. À la suite de ce traité, les activités sportives consacrées aux femmes se multiplièrent, l’escrime et l’alpinisme sont ouverts à ces dernières.

Malgré cette ouverture, des inégalités subsistent notamment entre les femmes des différentes classes de la société. En effet, comme nous l’avons souligné à l’époque moderne, les femmes issues des classes supérieures sont aussi favorisées et ont accès à une palette disciplinaire conséquente par rapport aux autres femmes, elles peuvent pratiquer le tennis, la natation ou encore la gymnastique. Ainsi, la place des femmes dans les compétitions sportives ne semble pas encore acquise et des vives réactions de la part des milieux conservateurs empêchent son développement fécond. Sous la Restauration (1815-1830) et le Second Empire (1852-1870), la pratique physique essaye peu à peu de se faire une place dans le quotidien des jeunes filles. Finalement, en dépit de la volonté de créer un équilibre, nous remarquons que des disparités entre les femmes sont encore à l’œuvre. Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour constater un réel changement dans la conception du sport féminin.

Le XXème siècle : un lent développement vers une égalité des sexes

Les prémices de cette égalité entre le sport féminin et le sport masculin sont visibles à travers la présence des femmes aux Jeux olympiques de 1900 à Paris dans les disciplines golf et tennis. C’est à cette période qu’en France naissent les premières sections féminines de gymnastique dans les grandes villes comme la capitale ou encore Lyon. L’Union française de gymnastique féminine est créée le 21 avril 1912 à Lyon afin de réunir les différentes sections. En 1914, elle compte 80 associations affiliatives.

La Première Guerre mondiale marque l’épanouissement du sport féminin comme le démontre l’ouverture disciplinaire à la natation et l’apparition du maillot de bain une pièce que nous devons à Annette KELLERMAN. En outre, le premier match de football organisé en France en septembre 1917 ouvre la voie à une forme de féminisation du sport. Cependant, cette tentative d’émancipation du football féminin français est avortée en raison de lourdes interdictions. Nonobstant les obstacles rencontrés par la discipline footballistique, le sport féminin, de manière générale, se dote de deux associations qui donnent aux femmes la possibilité de participer à des compétitions officielles (cf article sur le Rayon Sportif Féminin du 31-12-2022). En somme, le premier tiers du XXème siècle est marqué par des oppositions à la féminisation du sport pour différentes raisons : exhibition du corps féminin, infertilité liée à la pratique excessive du sport, nervosité engendrée par les compétitions et son rôle principal qui est l’éducation des enfants et la tenue du foyer.

Et aujourd’hui ?

Au regard de ces trois premières décennies, les femmes arrivent à exister de manière pérenne principalement grâce aux Jeux Olympiques. En effet, ces derniers les accueillent peu à peu dans des disciplines comme l’athlétisme et la gymnastique en 1924. Nous passons d’un taux de participation féminin estimé à 9,6% lors des Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928. Grâce à l’action de la présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, Alice Milliat, le taux passe à 30% en 1990 et environ 50% aux J.O de Tokyo en 2021. De nos jours, l’ouverture disciplinaire est une évidence de fait mais cela n’a pas toujours été d’actualité. Par exemple jusqu’en 1981 le marathon était une épreuve purement masculine de même que la composition du Comité International Olympique (CIO) qui, avec sa charte olympique en 2007, encourage la féminisation du sport afin de garanti cette parité.

Finalement, l’histoire nous a révélé que les femmes peinaient à se faire une place dans le monde sportif à la différence de leurs homologues masculins. En termes de médiatisation, d’accès à la pratique de certains sports et du nombre de compétitions, les femmes sont encore sous représentées.

En ce qui concerne la FSCF, la fédération compte plus de 70% de licenciées, une donnée intéressante qui montre le souci de proposer des activités sportives ouvertes à tous et pour tous. La reconnaissance du sport féminin est encore à travailler mais nous pouvons compter sur des grandes figures féminines comme Suzanne LENGLEN, tenniswoman française, gagnante de 2 Roland Garros ou bien Anne-Marie COLCHEN, recordwoman de France et championne d’Europe de saut en hauteur en 1946 et médaillée de bronze au championnat du monde de basket en 1953 pour nous rappeler que le sport est aussi une affaire de femme.

Article écrit par le Comité Départemental Rhône-Métropole de Lyon FSCF