La spécificité

Depuis 1919, chaque association possédait son drapeau tricolore, souvenir de la Grande Guerre au cours de laquelle la fédération a payé un lourd tribut (26 000 morts et blessés).

Les concours annuels de gymnastique étaient l'occasion de les sortir et de les promener sur le lieu de la compétition. A l'occasion des fédéraux de gymnastique, une délégation déposait également, le vendredi soir, une gerbe au monument aux morts. Il en était de même, lors du congrès, pour le dépôt d'une gerbe sur la tombe du soldat inconnu.

 

Lorsqu’il a prôné le rassemblement des sections sportives des patronages, Paul Michaux, médecin catholique lorrain, avait trois choses en tête:

  • Faire pratiquer une activité physique aux jeunes apprentis de l’époque, qui entre 8 et 12 ans travaillaient 8 heures par jour 6 jours sur 7.

     

  • En profiter pour garder le contact avec la jeunesse car l’Eglise commençait à perdre sa mainmise sur les deux domaines les plus importants de la vie sociale, le service de santé et l’enseignement.

     

  • Muscler les futurs soldats dans le but de reconquérir l’Alsace et la Lorraine, devenues prussiennes depuis la guerre de 1870. Outre la gymnastique, beaucoup de patronnés pratiquaient le tir prémilitaire ou (et) la musique, la clique étant un excellent moyen de défiler au pas et d’attirer l’attention.

     

  • L’obligation d’assister à la sainte messe le dimanche matin pour jouer au foot ou au basket ou faire de la gym l’après-midi a perduré dans bien des associations jusque dans les années 60, comme celle d’être là le jour du concours en fin de journée, avant le palmarès, pour le salut du très saint sacrement.

Cent vingt-cinq ans après sa naissance, la Fédération garde les traces de ces trois caractéristiques : éducation, religion et santé.

Le pourquoi du comment

Dès la fin du XIXe siècle, et dès le premier concours de gymnastique, les principes pédagogiques qui guident encore la fédération d'aujourd'hui étaient posés :

  • Non obligation de se qualifier sur le plan départemental ou régional pour participer au championnat national.

     

  • Primauté de la section ou du groupe sur les individuels. En gymnastique, en GRS, en musique et en twirling, par exemple, seulement 5% des participants au concours s'inscrivent en individuel.

     

  • L'essentiel, pour un licencié, est d'arriver non pas au sommet, mais à son sommet.

 

Jusque dans les années 1960, les clercs étaient, par leur présence constante, garants de ce que l'on appelait l'esprit fédéral. Leur départ mit les laïcs dans l'obligation de redéfinir cet esprit, tout d'abord, de 1958 à 1971 par des fiches de réflexion à destination des responsables de clubs, puis par la publication en 1972 du Petit livre orange, en 1980 du Petit livre vert et en 1984 du document fédéral fondamental, Vers quel homme ? Par quels chemins ? Cet exposé des principes pédagogiques et de l'action de la fédération à tous ses échelons, est aujourd'hui décliné en cinq directions dans le Plan de développement fédéral : ouverture, respect, autonomie, solidarité, responsabilité.

La fédération bénéficie toujours d'un évêque accompagnateur et d'un aumônier national chargés de rappeler aux élus et aux nommés les grands principes qui doivent toujours conduire leur action. Ils sont aidés pour cela par le groupe proposition de sens (GPS) composé de laïcs et de clercs qui réfléchissent ensemble tout au long de l'année.

 

L'ÉGLISE ET NOUS

Dès l'origine, l'Eglise de France vit l'importance d'attirer les jeunes au patronage, et instaura l'obligation d'y assister au catéchisme et à la messe. Des centaines de vicaires furent chargés par les paroisses de s'occuper du patronage. Ils étaient non seulement prêtres directeurs, mais aussi arbitres, éducateurs, trésoriers voire présidents des associations. L'argent de la quête dominicale allait dans l'une des trois poches de leur soutane : la paroisse, le patro et la colo. Pas de comptabilité, que le Père, le fisc et le Saint-Esprit leur pardonnent !

La fédération possédait ainsi plus d'un millier de permanents gratuits. C'est l'Eglise de France qui mit fin à la situation, en demandant au clergé, dans les années 1960, de ne plus s'occuper du temporel et de privilégier désormais l'action catholique.

Pour les remplacer, la fédération dut former en hâte des laïcs, jusque là plus ou moins tenus à l'écart, créant notamment les stages d'éveil aux responsabilités pour les 16-18 ans et une mise à niveau des adultes quant à l'animation des groupes et des clubs.

Une des églises de Beauvais (Oise) a été transformée en salle de réunion et de congrès. Le comité départemental y organisa -plaisant retour aux sources colorées- plusieurs assemblées générales dans les années 1980-90.