Et si les terrains de sports synthétiques étaient dangereux ?

Et si les terrains de sports synthétiques étaient dangereux ?

Les ministères de la Transition écologique et solidaire, de la Santé, de l’Économie, du Travail, de l’Agriculture et des Sports ont conjointement pris la décision de saisir l’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les éventuels risques liés à l’utilisation des granulats de caoutchouc recyclés dans les terrains de sports synthétiques.

La valorisation des pneumatiques usagés sous la forme de granulés et matériaux utilisés dans la réalisation des terrains synthétiques est l’un des principaux modes de valorisation de la filière française de gestion des déchets de pneumatiques.

Les pelouses synthétiques ne faisant déjà pas toujours l'unanimité auprès des dirigeants de football en raison des risques plus importants de blessures et de brûlures.

Mais aujourd’hui ces terrains synthétiques soulèvent des interrogations quant à leur impact sur la santé et l’environnement en raison des substances dangereuses potentiellement présentes dans les granulés.

En 2016 déjà, un reportage aux Pays-Bas avait relancé la polémique sur les risques cancérigènes du gazon synthétique. Dans ce pays, des rencontres sportives avaient été annulées suite à cette révélation.

La réputation de ce revêtement très en vogue depuis les années 90, risque de subir un nouveau coup dur avec un reportage d’Envoyé Spécial diffusé sur France 2 le 22 février dernier, affirmant que le gazon synthétique pouvait être cancérigène.

Des granules noires à l'origine des risques cancérigènes

A l'origine de ces risques, la présence de granules de caoutchouc qui permettent d'améliorer l'absorption des chocs mais aussi d'augmenter la durée de vie des terrains.

Ces grains sont composés à partir de pneus recyclés et contiendraient des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont certains sont cancérigènes. Or, les fines particules ont tendance à se coller un peu partout sur les corps des sportifs, dans les cheveux, les sous-vêtements et parfois même dans les plaies.

Cependant toutes les pelouses synthétiques ne présenteraient pas les mêmes risques. Certains types de granules plus coûteux que d'autres et préférés par les clubs de haut niveau seraient moins dangereux pour la santé.

Ces interrogations sur la possible dangerosité des granules ne sont pas les premières

La chaîne NBC avait relancé la polémique en rapportant un nombre élevé de cancers (majoritairement des cancers du sang) chez les enfants et les adolescents et notamment les gardiens de but.

En 2014, la chaîne américaine avait révélé que 38 jeunes footballeurs évoluant sur des terrains synthétiques avaient été diagnostiqués d'un cancer ces dernières années. 34 d'entre eux occupaient le poste de gardien de but.

Des études en cours

L’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA) a conclu, après avoir procédé en 2017 à une évaluation préliminaire des risques, pour la santé humaine, liés à l’utilisation de granulés de caoutchouc recyclés dans les gazons synthétiques, à un faible niveau de préoccupation.

Sur cette base, l’Anses analysera les données et études disponibles sur les principales substances présentes dans ces granulés et matériaux en caoutchouc et sur le niveau de préoccupation qu’elles génèrent en raison de leurs dangers intrinsèques, de leur concentration ou des modes d’exposition, afin de pouvoir rendre des conclusions sur les préoccupations sanitaires et environnementales qui pourraient en résulter.

L’Anses étudiera les principales voies d’exposition pour la population générale, la population en milieu de travail et l’environnement. Le rapport est attendu pour la fin juin.

Sources : France Télévisions ; L'Express ; Le Figaro ; Ministère des Sports