Présidente du Comité Départemental Rhône-métropole de Lyon, Dominique Morel a pratiqué le Chant Choral pendant de nombreuses années. Le samedi 23 juin prochain, elle chantera pour le concert des 120 ans de la FSCF. Lors de cette interview, Dominique Morel nous parle de sa passion pour le Chant Choral, en nous partageant son expérience et ses ressentis.
Tout d’abord, quel est votre parcours en général au sein des activités culturelles ou sportives?
Je suis licenciée à la FSCF depuis l’âge de 12 ans mais plutôt du côté sportif. J’ai commencé avec la fédération en 1971 au club des Hirondelles de Villefranche. J’y ai d’abord été gymnaste, puis monitrice, et enfin dirigeante. On m’a ensuite proposé d’intégrer le comité départemental Rhône-métropole de Lyon et j’ai été élue à la présidence du comité en 2004. J’ai donc un parcours plutôt linéaire à la FSCF.
Pour ce qui est du Chant Choral, j’ai toujours aimé chanter et j’en ai fait pendant plus de 20 ans. J’en ai fait au collège puis j’ai intégré une chorale basée à Lyon.
Pourquoi avoir choisi de pratiquer le Chant Choral ?
C’est une activité en groupe qui est forte et qui procure de belles émotions. Lorsque nous chantons, nous produisons « du beau ». Le chant choral est relativement simple aussi. Contrairement au violoncelle par exemple que j’ai essayé mais qui était trop difficile. Pour moi, c’est naturel et simple. Le chant choral est très agréable. Se produire en public a également un effet grisant.
En quoi l’activité du Chant Choral est-elle proche des valeurs fédérales ?
Pour produire quelque chose de beau, il faut le faire ensemble. C’est à la fois individuel car il faut donner le meilleur de soi-même et à la fois collectif. Le chant choral demande aussi beaucoup de régularité. Il faut répéter longtemps ensemble pour créer une osmose entre les gens. Pour moi, ce sont toutes ces choses qui font que le chant choral rejoint les valeurs de la fédération.
A quels types de manifestations participez-vous en tant que chanteuse choriste ?
Ce sont généralement des concerts avec la chorale. Ces manifestations peuvent être de tous les types (dans des églises, dans des petites salles et même en auditorium) et reprendre tous styles de chant.
Quelles manifestations préparez-vous actuellement ? Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle et vos moments importants au cœur de cette manifestation ?
Je prépare actuellement le requiem de Mozart pour le concert des 120 ans de la FSCF. Je serai choriste de base si on peut dire. La répétition a été importante, nous avons découvert un nouveau chef. Ce qui est intéressant en chant, c’est que l’on peut connaître une œuvre et la redécouvrir chaque fois qu’on rencontre un nouveau chef de chœur. Il y a toujours un petit brin de nouveauté. Ensuite, les autres moments importants seront la répétition du vendredi et le concert.
Comment se prépare-t-on à une future représentation et quelles sont les étapes essentielles à ne pas manquer pour être prêt le jour J ?
On se prépare finalement un peu toute l’année. Par exemple, quand je suivais des cours, je souhaitais améliorer ma technique : monter plus dans les aigus et descendre plus dans les graves.
Après, il faut répéter et apprendre sa partition. Lorsqu’on n’appartient pas à une chorale, il n’y a pas de répétitions hebdomadaires, mais il faut quand même le faire chez soi. Le travail de la partition doit se faire régulièrement.
La première répétition avec le chef de chœur est également très importante. Ce dernier nous donne des indications que nous écrivons sur nos partitions. Il faut ensuite travailler la partition en allant dans le sens de ces annotations.
La tenue de concert est aussi un élément à préparer. Par exemple, pour le Requiem de Mozart, je dois trouver une tenue noire à manches longues alors que je n’en ai pas et que nous sommes en été dans les magasins (NDLR : rires). En somme, il faut bien respecter toutes les consignes.
Mais en réalité, lorsque la partition est apprise, il n’y a plus qu’à suivre le chef de chœur et se faire plaisir le Jour J.
Que ressentez-vous lorsque vous chantez devant un public ?
Beaucoup de joie, parce que l’on donne quelque chose de beau. Chanter, c’est partager quelque chose de magique. Il y a une harmonie entre les voix et cela procure une émotion au public. On a aussi un peu le trac, puis on oublie le public. L’important est simplement de rester bien concentré, d’essayer de ressentir des choses par rapport à la pièce que l’on chante.
En chant choral, il faut être capable de transposer les émotions. D’une part, il faut savoir se sentir joyeux lorsque l’on chante une partition gaie et ressentir la tristesse quand on chante une œuvre plutôt triste. D’autre part, il est indispensable d’être en osmose avec ce que souhaite faire passer le chef.
En fait, le chanteur est comme une éponge qui doit s’imprégner de toutes les émotions pour ensuite les faire ressortir et ressentir. Un peu comme un instrument de musique : un musicien fait vibrer son violon avec un archet et le violon réagit en fonction de la manière dont le musicien utilise son archet. C’est un peu pareil pour un chef de chœur et ses choristes.
Quels sont les liens que vous entretenez avec les autres chanteurs choristes de la FSCF ?
Je n’ai pas vraiment de liens, mais je vais les écouter de temps en temps.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant l’ensemble de vos années de pratique ?
L’infini. Les œuvres de musique vocale sont très très nombreuses et de styles très différents. Elles n’ont jamais fini d’être découvertes. Les chefs d’orchestre et de chœur ont diverses sensibilités qui font qu’une œuvre n’est pas toujours interprétée de la même façon.
A travers la pratique, nous nous faisons également des amis, du lien est créé. Nous sommes ainsi unis ensemble par une activité artistique.
Il y a aussi pour moi l’ouverture et la découverte d’autres cultures qui sont marquantes, notamment avec les voyages. Par exemple, j’ai pu faire des échanges avec l’Allemagne, le Liban, le Canada…
Peut-on se mettre au Chant Choral à n’importe quel moment de sa vie ? ou y a-t-il un âge ou une période à privilégier ?
Oui, même s’il est vrai que l’on mémorise mieux lorsqu’on est plus jeune. Il faut juste savoir ne pas avoir de barrières et écouter ce qui se passe autour de soi.
Faut-il obligatoirement avoir des prédispositions pour pratiquer cette activité ? Quelles sont les qualités essentielles d’un Chanteur choriste ?
Oui évidemment, il faut savoir chanter. Mais il faut surtout avoir une bonne oreille et savoir écouter. En fait, peu de gens ne savent vraiment pas chanter, la plupart ne sont juste pas habitués à entendre.
Pour les qualités, je dirais qu’il faut de l’humilité. Le but du jeu est de fondre sa voix avec celles des autres pour créer une harmonie. Il arrive parfois qu’une voix sorte et s’entende plus que les autres. Ce n’est pas l’objectif, il faut plutôt écouter les autres pour s’intégrer le plus naturellement possible.
Ensuite, la persévérance est importante. Ce n’est pas toujours simple… il y a des morceaux difficiles. Il ne faut pas se décourager !
Il faut aussi aimer être avec les autres. Je ne sais pas s’il y a un mot exact pour décrire ça mais si tu es plutôt solitaire, c’est un peu compliqué.
Le chant choral nécessite également une grande capacité de concentration sur une longue durée. C’est d’ailleurs très bien pour les enfants. Cela les oblige à ne pas zapper et à rester sur l’activité un certain temps. Le ministre de l’éducation a parlé de remettre le chant choral dans les écoles et je trouve ça très bien.
Pouvez-vous nous expliquer le déroulement type d’un cours de Chant Choral ?
Il y a d’abord une mise en voix. On échauffe les cordes vocales en faisant des vocalises et on fait également un échauffement corporel. Tout le corps est sollicité : on réveille son corps, même parfois par des petits massages. Il faut que le corps soit tonique mais en même temps souple et détendu. En chant, on ne peut pas être crispé.
Après l’échauffement, le chef de chœur fait travailler le morceau, souvent les uns après les autres. Dans une chorale tout public, comme celles de la FSCF, chaque pupitre travaille chacun son tour avec le chef de chœur. Les autres pupitres écoutent. Puis, on travaille tous ensemble. L’important est de rester dedans pour être concentré et surtout pour écouter les autres. Parfois, dans d’autres chorales, chaque pupitre travaille de son côté et après, on chante ensemble. En fait, cela dépend de la pédagogie du chef de chœur.
Pendant ce temps, nous sommes soit assis soit debout. Mais lorsque nous sommes assis, le chef de chœur nous répète d’être tonique, de rester bien droit au bout de sa chaise. Si on est avachi, un peu cassé, on bloque le réservoir d’air.
Pouvez-vous nous parler des différentes voix présentes en Chant ?
Il y a quatre voix principales en chant choral :
- Soprane pour les voix aigues des femmes et Alto pour les voix graves. Parfois, il y a aussi une voix mezzo pour celles qui sont entre deux.
- Tenor est la voix aigüe des hommes et Basse est la voix grave. Ce sont les deux voix masculines principales. Après, il existe le Baryton qui est entre les deux
Souvent, les chants écrits pour les chœurs comportent 4 voix mais il peut y en avoir beaucoup plus. Alessandro Striggio a par exemple composé un motet pour 40 voix !
Si quelqu’un n’a jamais chanté, le chef de chœur va lui faire chanter une chanson qu’il connait bien afin de tester sa tessiture. Il va le faire monter dans les aigus et descendre dans les graves pour écouter son timbre de voix.
Parfois, comme le pupitre des sopranes est plus fourni que celui des Altos, certaines sopranes vont chanter la voix d’Alto. De même, certains hommes peuvent chanter en voix Alto en passant en voix de tête. La voix de tête est souvent présente dans les chorales professionnelles.
Pour le placement des pupitres, le chef de chœur met quelques fois les hommes au milieu car ils sont moins nombreux. Les sopranes sont alors à la gauche du chef et les Alto à sa droite.. On a donc de gauche à droite : les sopranes, les ténors, les basses et les altos. On peut avoir aussi Soprane – Altos devant et ténors – basse derrière. Cela dépend aussi de l’acoustique de l’endroit où l’on chante.
La voix d’un chanteur ou d’une chanteuse choriste, peut-elle évoluer tout au long de sa vie et de sa pratique ?
Oui sans problème. Pour ce qui est de la pratique, évidemment que plus tu chantes, plus tes cordes vocales sont souples. Personnellement, j’ai pris des cours de chant pour mieux placer ma voix, maitriser mon souffle, avoir plus de puissance et avoir encore plus de plaisir.
La voix change aussi en fonction de l’âge.
Les garçons et les filles muent. Mais c’est plus audibles chez les garçons. Enfants, ils sont souvent sopranes puis à l’âge où leurs voix changent, ils arrêtent de chanter pendant un certain temps car ils ont souvent du mal à se retrouver dans une voix.
A partir d’un certain âge, le vieillissement de la voix est la perte de souplesse du tonus musculaire. Moins on stimule le muscle vocal, plus il y a de fonte musculaire. La voix des femmes descend, mais leur muscle vocal fond, c'est pour cela que certaines femmes âgées ont une voix grave. La voix des hommes, quant à elle, monte.
Si vous souhaitez nous partager d’autres choses :
Je souhaiterais que tout le monde chante car c’est un bon moyen pour lâcher prise et extérioriser. Il faudrait faire aussi bien une activité culturelle qu’une activité sportive. Si on fait de la gym, on devrait faire du chant !
Le chant ne demande pas beaucoup de compétences, contrairement au dessin par exemple. Je dis peut-être ça parce que j’ai plus de facilités à chanter que je n’en ai à dessiner. Mais il me semble que le chant est à la portée de tout le monde.
Un grand merci à Dominique Morel pour nous avoir partagé son expérience et pour son rôle essentiel dans le développement des activités de la FSCF qu'elles soient sportives ou culturelles. Nous la remercions également pour son investissement quotidien au sein de la FSCF.