Interview : Marion HARAMBILLET, agent de développement territorial au Comité Régional Nouvelle-Aquitaine

FCSF Interview Marion Harambillet

Marion HARAMBILLET est agent de développement territorial au Comité Régional Nouvelle-Aquitaine. Parmi ses missions, elle s'occupe notamment des formations BAFA et BAFD. A l'occasion de cette interview, elle répond à toutes les questions que nous pouvons nous poser à propos du BAFA, du BAFD mais aussi concernant le métier de formateur. Elle donne également de précieux conseils pour tous ceux qui souhaiteraient se porter candidats à ces formations.

MARION HARAMBILLET ET LA FSCF

Succinctement, pouvez-vous nous décrire votre parcours en général et au sein de la FSCF?

J’ai fait deux années de sociologie à la faculté de Nantes puis une Licence de sciences politiques et sociales à l’université de Bruxelles. Je me suis ensuite dirigée vers un Master en ingénierie de formation à l’ESPE de Bordeaux parcours « Pilotage de projets éducatifs au local et à l’international ». En parallèle de mes études j’ai toujours travaillé dans l’animation. Animatrice de séjours de vacances et en centre social, j’ai ensuite passé mon BAFD à 21 ans pour être directrice de séjours. J’ai connu la FSCF par les formations BAFA. Je suis formatrice depuis 2013 et je suis employée à la Fédération depuis 2015 en tant qu’agent de développement territorial au Comité Régional Nouvelle-Aquitaine.

Quelles sont vos missions sur le plan des formations BAFA et BAFD à la FSCF?

En tant qu’agent de développement mes missions sont nombreuses mais l’une d’entre elles consiste à développer et structurer les formations BAFA-BAFD sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Je dirige également certaines sessions pour rester au contact du terrain.

Les formations BAFA et BAFD

Rapidement, pouvez-vous nous rappeler le déroulement d’une formation BAFA et Celui d’une formation BAFD ?

La formation BAFA est accessible à tous sans condition de diplôme à partir de 17ans. Le BAFA se déroule en trois étapes :

  • Une formation générale de 8 jours qui permet d’acquérir les bases des fonctions de l’animateur pour être prêt à travailler sur le terrain.
  • Un stage pratique de 14 jours à effectuer auprès d’enfants ou adolescents dans un accueil collectif de mineurs (ACM) comme un séjour de vacances ou un accueil de loisirs par exemple pour mettre en pratique les savoirs et savoirs-faire acquis lors de la formation générale.
  • Un stage d’approfondissement de 6 jours pour revenir sur des points fondamentaux mais surtout faire l’analyse du stage pratique et approfondir une thématique choisie.
  • Le stage d’approfondissement peut être remplacé par un stage de qualification de 8 jours (surveillant de baignade, canoë-kayak ou voile) qui donne une compétence particulière à l’animateur.

Le BAFD se déroule sur le même principe que le BAFA. Le premier stage pratique est à faire en tant que directeur ou directeur adjoint. Après le stage de perfectionnement, il y a un second stage pratique en tant que directeur à part entière qui doit être réalisé sur des fonctions de direction. A la fin des 4 stages, le candidat doit rédiger un rapport sur sa formation.

Pouvez-vous nous décrire les spécificités du projet éducatif de la FSCF ?

Le projet éducatif de la FSCF se base sur la volonté de mettre en place des activités sportives, culturelles ou socio-culturelles qui permettent l’épanouissement de l’individu dans toutes ses dimensions.

En quoi ces formations délivrées par la FSCF sont-elles en cohérence avec les valeurs fédérales ?

Les valeurs de la FSCF sont l’Ouverture, le Respect, l’Autonomie, la Solidarité et la Responsabilité. Ces cinq valeurs sont au cœur des projets pédagogiques de chaque formation BAFA ou BAFD proposées par la Fédération. Les stages sont ouverts à tous et le respect est au cœur des règles de fonctionnement des sessions.

Les formateurs, par leur projet de stage, les contenus et leurs méthodes pédagogiques cherchent à faire des animateurs et des directeurs qu’ils soient autonomes et forces d’initiatives, qu’ils soient en capacité de travailler en équipe et de mettre en œuvre les conditions de la solidarité avec les enfants.

Les formations BAFA et BAFD ont également pour mission de responsabiliser les adultes et jeunes adultes qui encadrent des mineurs. Pour que ces valeurs puissent être mises en place par les encadrants des A.C.M, elles doivent se vivre dans les stages. Toutes ces notions sont partagées avec un état d’esprit convivial et bienveillant, chère à la FSCF.

Le BAFA

Selon vous, a quel profil le BAFA s’adresse-t-il ?

Le BAFA est accessible à tous et il n’y a pas de « profil » particulier pour être animateur. Il faut d’ailleurs dans une équipe d’animation des « profils » différents : l’animateur toujours prêt à se déguiser et jouer des personnages mais aussi des personnes plus discrètes qui créeront un lien tout aussi intéressant avec les enfants. Il y a des enfants de tous caractères et avec des centres d’intérêts différents, l’équipe d’animation doit également être hétérogène dans les profils et se compléter pour être efficace. Etre animateur s’apprend au fil des expériences.

Dans quelle mesure est-il possible de refuser le BAFA à un candidat ?

Il est tout à fait possible pour une équipe de formateurs de décider qu’une session est « non satisfaisante », surtout qu’un animateur diplômé aura ensuite sous sa responsabilité des enfants : ce qui n’est pas rien ! Si ce n’est pas fréquent de refuser un candidat, les formateurs ne doivent pas hésiter s’ils considèrent qu’une personne n’est pas apte à assurer la sécurité physique, morale ou affective des enfants. Refuser une formation théorique à un candidat est toujours délicat car les formateurs peuvent penser, à juste titre, que l’individu est au tout début de sa formation et qu’il pourra progresser. Il faut, cependant, savoir déceler chez les candidats ceux qui pourraient mettre en danger les enfants. Un comportement violent sur un stage BAFA par exemple est pour moi un motif de non-validation de la session. Il en va de même pour quelqu’un qui n’évolue pas parce qu’il ne tient pas du tout compte des remarques des formateurs et du groupe. Ou encore pour les absences, un stagiaire qui aurait raté une ou deux journées de formation ne pourrait pas avoir sa session validée.

Comment bien choisir son approfondissement BAFA ?

L’approfondissement BAFA, c’est un tiers de retours sur les fondamentaux, un tiers de retours sur le stage pratique et un tiers d’approfondissement d’une thématique. Il existe une multitude de thématiques sur les publics par exemple (petite enfance, adolescents etc...), sur des types d’A.C.M (camps itinérant, accueil périscolaire etc...) ou sur des types d’activités (veillées et grand jeux, animation scientifique etc.). Si un candidat a fait un approfondissement « petite enfance », cela ne l’empêchera absolument pas de travailler ensuite avec des adolescents. Bien choisir son approfondissement c’est choisir un organisme de formation dans lequel on se sent bien et une thématique qui nous intéresse, et sur laquelle on a envie de progresser. L’erreur, me semble t-il, pourrait aussi être de choisir un thème que l’on maîtrise déjà. En formation il faut savoir « sortir de sa zone de confort» pour avancer.

Le BAFA est-il adapté à quelqu’un qui souhaiterait faire de l’animation son métier ?

Absolument, le BAFA est une première étape pour celles et ceux qui voudraient faire de l’animation leurs métiers. Le BAFA est un diplôme, certes non professionnel, mais très reconnu de part sa formation longue et riche en contenus.  Par la suite, il est possible de se diriger vers les Certificats de Qualification Professionnelle (CQP) ou les Brevets Professionnels de la Jeunesse de l’Education Populaire et du Sport (BPJEPS) proposés notamment par la Fédération via sa filiale de formation professionnelle Forma’.

Le BAFD

Pour vous, à partir de quel moment un animateur peut-il songer à devenir directeur ?

Le BAFD est accessible à toute personne de 21 ans possédant le BAFA. Je conseillerais, cependant, de réfléchir également en termes de maturité et d’expérience, il faut « se sentir » prendre des fonctions de direction et avoir l’expérience nécessaire pour assurer ces fonctions en toute situation notamment sur la partie management, gestion du planning et des imprévus. Chaque personne est différente mais avoir fait au moins 3 mois complets d’animation (sur des séjours de vacances et/ou des centres de loisirs) en plus de sa formation BAFA me semble être un minimum. Il est important d’être intervenu sur des publics et types d’accueil variés.

Est-il possible de passer le BAFD sans avoir obtenu le BAFA ?

Il est possible de passer son BAFD sans avoir le BAFA à condition d’avoir un diplôme équivalent (DUT carrière sociale, licence animation sociale etc.) et de justifier d’une expérience suffisante. La liste des équivalences est disponible sur le site du ministère de l'éducation Nationale.

Quelles sont les aptitudes requises pour être un bon directeur ?

Un directeur compétent est un directeur rigoureux en termes d’organisation et de gestion administrative et financière. C’est également une personne qui doit être en mesure d’avoir une vision globale des choses et d’assurer la sécurité ainsi que le bien-être de tous dans l’accueil collectif de mineurs (les enfants, les animateurs, le personnel technique, les prestataires etc...). Le directeur doit savoir fédérer autour d’un projet pédagogique commun et manager son équipe pour les emmener à donner le meilleur d’eux-mêmes dans un esprit de solidarité. Le directeur doit également avoir de solides compétences en communication : il va devoir donner des consignes aux animateurs et écouter leurs besoins, il va assurer la communication avec les familles et c’est également lui qui devra gérer des situations compliquées avec certains enfants (intégration, comportements déviants etc…).

Quelles sont les différences entre les missions d’un directeur en centre de loisirs et d’un autre en séjour de vacances ?

Les fonctions et missions sont les mêmes. Cependant, le directeur de centre de loisirs devra gérer la partie communication avec les parents au quotidien voire leur implication dans l’ACM.  Le directeur de séjour de vacances devra, lui, assurer la gestion d’une plus grande partie de la vie quotidienne (repas du soir, coucher, lever et petit-déjeuner) et les animations du soir (veillées) avec tout ce que cela implique. Il devra aussi veiller à l’hygiène de vie des animateurs, notamment au niveau de la fatigue.  Chaque séjour a ensuite ses spécificités : un séjour dans un centre en bord de mer au pays basque avec des 6-10 ans n’impliquera pas les mêmes choses qu’un séjour itinérant au Brésil avec des adolescents.

Le metier de formateur

Comment devenir formateur du BAFA et du BAFD ?

Pour devenir formateur BAFA ou BAFD à la Fédération, il faut justifier d’une expérience suffisante en animation et avoir passé à minima la Formation de Formateur Initiale qui dure 2 jours. Celle-ci est proposée au moins 3 fois par an et dans 3 Régions différentes. Je conseille, ensuite, vivement d’avoir une ou deux premières expériences avec des formateurs chevronnés, puis de faire les formations de formateurs niveau I et II proposées par la Fédération sur 4 jours. J’ai eu personnellement la chance de faire cette formation de niveau II. Elle m’a permis de prendre du recul sur ma pratique et de gagner en compétences.

D’après vous, quelles sont les qualités indispensables pour être formateur?

Pour être formateur il faut d’abord être expert : maitriser son domaine et donc les contenus d’un stage BAFA. Mais être expert ne suffit pas, un excellent animateur ou directeur ne sera pas forcément à l’aise en posture de formateur car en plus d’être expert le formateur doit être pédagogue. Le formateur doit connaître son sujet mais il doit savoir le transmettre. Il faut également savoir travailler en équipe, mais cela est vrai pour toutes les fonctions dans l’animation. Enfin il faut être à l’écoute et dans une posture de bienveillance envers les stagiaires.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans le métier de formateur ?

Je pense que le plus difficile pour un formateur c’est de pouvoir adapter ses méthodes et ses outils pour que tous les stagiaires puissent apprendre un maximum de choses, dans un temps limité. On est tous différents et on a tous des méthodes d’apprentissage qui nous correspondent plus ou moins. Le formateur doit laisser au maximum les stagiaires découvrir et apprendre par eux-mêmes par l’expérience, la manipulation etc... tout en leur donnant les éléments théoriques nécessaires à la réflexion, la réalisation et l’analyse de leurs actions. Mais être formateur est passionnant et cela permet d’engendrer des compétences qui peuvent servir dans tous les milieux professionnels.

LE Message à retenir :

Le BAFA est une formation extrêmement riche qui englobe des thématiques très diverses qui serviront toujours par la suite, tant au niveau personnel (développement personnel) qu’au niveau professionnel et ce, quel que soit le projet futur de la personne. Par exemple, la mise en projet, le travail en équipe, la communication, la capacité d’analyse sont des notions transversales à une multitude de secteurs d’activités.

Un grand merci à Marion HARAMBILLET pour toutes ces informations et pour ses bons conseils. Nous la remercions, par ailleurs, pour son implication au sein de ces formations et pour sa contribution dans la promotion de la Fédération en tant qu'organisme de formations BAFA et BAFD.