Interview : Véronique Morel, responsable de l'activité cirque à la Cartusienne

Véronique Morel s'investit au quotidien au sein de la Cartusienne, une association multi-activités située à St-Laurent-du-Pont (38). Parmi les activités proposées par cette association, les jeunes licenciés peuvent pratiquer l'activité cirque dont Veronique Morel est responsable. Au coeur de cette interview, elle nous donne tous les détails et quelques conseils sur cette activité riche et variée.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel et professionnel concernant les activités sportives et/ou culturelles ? Expliquez-nous succinctement vos missions actuelles au sein de votre association.

Mon parcours professionnel n’a pas vraiment de rapport avec le sport ou la culture. Je peux vous en parler mais je ne vois pas trop l’intérêt. Par contre, je suis bénévole à la Cartusienne depuis 5 ou 6 ans. Mes enfants ont adhéré au badminton  et c’est comme ça que j’y ai mis les pieds.

Durant 4 ans, j’ai été co-présidente de l’association. C’est un statut bien différent du statut de vice-président, où en général il y a un président au-dessus. Ici, nous étions 3 co-présidents et nous nous partagions les tâches. C’est vraiment un travail d’équipe avec un partage fort des responsabilités.

Après, l’enjeu dans une association, c’est également de susciter des vocations pour être remplacé. En effet, l’association a besoin de mouvement et de renouvellement, c’est naturel. Aujourd’hui, je ne suis plus co-présidente mais je reste bien entendu active dans l’association. Je suis restée responsable cirque et je m’occupe aussi du yoga dont la section a été ouverte il y a deux ans. En tant que responsables d’activité, nous avons beaucoup de travail en commun avec les autres responsables notamment par exemple dans l’organisation des manifestations ou plus ponctuellement comme sur un projet pour une plateforme numérique.

Quelles activités sportives et/ou culturelles propose-t-on au sein de votre association ?

La Cartusienne a été créée en 1908. Il y a donc des activités historiques qui sont ici comme des piliers. Les plus grosses activités sont la gymnastique pour enfants (sportive) ou adultes, et le badminton (accessible en compétition ou non).

Nous avons ensuite un panel large d’activités car nous sommes une association multi-activités par nature. Nous sommes donc assez souples et aimons apporter de la nouveauté.

Nous proposons actuellement de la gymnastique pour adultes (pour les femmes et pour les hommes), du handball, du Volley, du cirque, du yoga, de la natation et de la gym éveil.

Nous proposons même de la gym parents/bébé, ce qui nous permet d’accueillir des licenciés dès l’âge de 18 mois.  Et il est possible d’être licencié jusqu’à très tard, puisque certains adhérents ont entre 70 et 80 ans.

Pourquoi avoir choisi de développer une section cirque ?

Nous nous autorisons à ouvrir certaines activités selon nos besoins. Nous veillons à ce que cette activité ne fasse pas concurrence à une autre association sur le territoire et son ouverture dépend beaucoup des ressources humaines que l’on possède.

Nous avons démarré l’activité cirque il y a 5 ans. Il n’existait aucune activité cirque sur le territoire avant. Ou alors, elles étaient trop loin, à au moins 20 ou 30 km de là où nous sommes situés. C’était un vrai besoin, car c’est une activité plutôt à la mode et très appréciée des enfants. Pour nous lancer, nous avons donc rencontré deux profs diplômés.

Le cirque est une activité qui plait beaucoup aux parents et aux enfants. Elle est très ludique, certains enfants aiment beaucoup préparer des spectacles et puis surtout elle n’est pas axée sur la compétition. L’esprit est donc différent. Il y a beaucoup de valeurs de coopération, d’entraide et de « faire ensemble ». Les enfants jouent entre eux pour réussir quelque chose en commun. Même si nous délivrons des diplômes en fin d’année, il n’y a pas de classements ou de différences entre les enfants.

Dans quelle discipline circassienne les cours proposés sont-ils spécialisés ?

Nous avons deux animateurs permanents, une troisième animatrice qui est là si besoin, et des troupes d’artistes qui peuvent parfois nous aider. Cet encadrement nous permet de couvrir l’ensemble des disciplines.

Pouvez-vous nous parler des différentes disciplines du cirque ?

Nous avons des disciplines qui rentrent dans le cadre des trois piliers qui sont l’équilibre, l’acrobatie et le jonglage. Nous proposons donc de l’équilibre, de la boule, du fil, de la manipulation d’objets, du pédal’go, du rouleau américain, du monocycle, des acrobaties au sol ou dans les airs, du trapèze, du cerceau, du tissu, du jonglage (avec différents accessoires : balles, foulard, assiettes…), etc…

Est-il possible et facile de passer d’une discipline à l’autre ?

Pour les plus petits, nous voulons qu’ils s’essayent à tout. Nous proposons pour les plus grands un temps de spécialisation pendant le cours. Ils peuvent choisir de travailler ce qu’ils préfèrent. En 1h30, il est difficile de progresser sinon et de préparer le spectacle. Et une fois que l’on a essayé un peu tout, il est normal d’avoir ses préférences. Mais nous faisons en sorte qu’ils continuent à pratiquer l’ensemble des disciplines quand même.

Dans quelle structure les entraînements de cirque se déroulent-ils? Quel est le matériel mis à disposition pour vous aider à progresser ?

Nous donnons les cours dans la salle de gym - cirque. Sauf pour le monocycle où nous allons dans le couloir ou le hall du gymnase. Mais sinon nous avons tout à disposition. Nous avons des boules, un filin en acier, des trapèzes, des tissus et tout le matériel de jonglage. Nous travaillons beaucoup sur le praticable pour les acrobaties gymniques.

Selon vous, pour quel(s) profil(s) d’individus le cirque est-il destiné ?

Pour l’âge, il est possible de commencer le cirque assez petit : dès 4 ans pour de l’éveil. C’est donc accessible très jeune et il est possible d’en faire jusqu’à 70-80 ans si l’on veut. Ce sera un peu compliqué pour les acrobaties mais par contre, pour le jonglage, c’est tout à fait possible. Il y a une telle variété dans le cirque que l’on n’a pas besoin d’être sportif pour s’y plaire. Il est facile de s’y faire plaisir, surtout pour les enfants qui n’ont pas très envie d’être dans un cycle compétition. Si on pratique régulièrement, on peut rapidement progresser.

D’après vous, quelles sont les qualités humaines les plus importantes à avoir pour le cirque ?

Pour l’animateur, il faut être pédagogue et être soi-même bon dans ce que l’on enseigne. Il faut être capable de montrer et de donner envie. Il faut donc être qualifié, pas forcément avec un diplôme mais du moins en compétences dans la discipline. Il est difficile de démarrer cette activité avec uniquement des bénévoles qui auront souvent du mal à montrer les différents exercices et à donner les bons conseils techniques. Et puis, il faut savoir canaliser gentiment les enfants, car les activités sont ludiques !

Pour les circassiens, l’activité plait beaucoup aux enfants qui ne souhaitent pas entrer dans un cycle compétition. Et les trois quarts des enfants continuent d’une année sur l’autre. C’est aussi une activité qui permet de montrer beaucoup de soi. Au-delà de la technique, il y a beaucoup d’interprétation dans le cirque. Il faut faire des choix (par exemple, au niveau des accessoires). Deux mêmes numéros avec des techniques similaires seront différents en fonction des personnes qui les interprètent et de leurs personnalités.

Pour vous, qu’est-ce que le cirque apporte de fondamental aux pratiquants?

J’ai discuté avec plusieurs parents qui m’ont dit « c’est super, mon enfant termine son activité jusqu’au bout et il n’y va pas à reculons. ». C’est une activité motivante. Et je pense que ça redonne confiance en soi. Par exemple, certains enfants avaient très peur de « passer » le diplôme alors que ce n’est ni le brevet, ni le bac et que tout le monde l’a. Au travers des numéros exécutés, les enfants sont ainsi valorisés et récompensés.

C’est aussi très bien pour les enfants « zappeurs ». Ce n’est pas comme dans d’autres sports où l’on doit refaire les mêmes gestes 50 fois jusqu’à la perfection : le cirque propose des exercices très variés. C’est donc stimulant, les enfants changent souvent d’exercice, progressent et ne s’ennuient pas.

Est-il possible de commencer le cirque une fois adulte ? Et si oui, dans quelles conditions ?

Oui bien sûr, nous avons quelques adultes dans nos groupes, on n’a pas besoin d’être un super sportif. Pour mon exemple personnel, je ne fais aucune acrobatie mais je me suis essayée au jonglage et j’aime bien. Il existe plein de clés d’entrée. On en a une licenciée de plus de 60 ans qui a même essayé le monocycle.

Après, c’est aussi très sympa d’avoir des adultes pour avoir des ressources complémentaires avec les enfants. Par exemple, sur les porters on peut s’appuyer sur les adultes. On est toujours dans la coopération.

Je pense que les adultes peuvent faire vraiment des "trucs sympas" même s’ils débutent. Il faut juste s’enlever la barrière mentale du « on n’y arrivera pas car c’est une activité pour les enfants ».

Quels sont les différents niveaux pratiqués au sein de votre association ? Et d’après vous, est-il possible de devenir circassien professionnel en ayant commencé au sein d’une association affiliée à la FSCF?

Nous avons 3 groupes avec enfants et adultes. A partir de l’année prochaine nous aurons des plus petits. Il y aura donc un groupe de 5/6 ans, un groupe de 7/8 ans, un groupe de 9/10 ans et les 11 ans et plus. Les licenciés sont 12 par groupe.

Pour les plus petits, cela vient d’une demande de nos bénévoles et des parents des licenciés ayant des frères ou des sœurs plus petits. Nous adapterons donc le cirque à l’âge des enfants. Ce n’est pas forcément possible d’être capable de faire du monocycle à 6 ans par exemple ou alors c’est très compliqué. Notre cœur de métier reste centré sur les 7/8 ans et plus car c’est à partir de cet âge qu’on a acquis une bonne coordination des mouvements nécessaire pour le cirque.

Pour l’organisation des cours, les séances durent 1h30. Nous nous échauffons en jeu, nous faisons ensuite des petites acrobaties simples. A la suite de ça, nous formons 3 ou 4 sous-groupes avec différents ateliers disponibles. Et les enfants tournent. C’est ludique.

Pour ce qui est du cirque professionnel, c’est comme dans l’ensemble des sports. Nous pouvons, par vocation, identifier des talents. Nous sommes capables de les emmener à un certain niveau avec les animateurs que nous avons qui sont de bons professionnels. Et s’il y a un vrai potentiel, après les enfants peuvent se motiver pour parvenir ensuite jusqu’à un diplôme circassien. Nous, nous les lançons, puis nous les lâchons. Nous pouvons participer à cela mais nous devons être réaliste sur nos capacités, il y a un point où nous devons les accompagner mais où nous ne pouvons plus les garder. Ils doivent progresser ailleurs, en cirque comme pour les autres sports que nous proposons.

Les pratiquants de votre section cirque ont-ils la possibilité de participer à une ou des représentation(s) ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer le déroulement d’une manifestation type

Nous travaillons tout au long de l’année pour le spectacle de fin d’année. Les grands et les adultes s’occupent du scénario et choisissent le thème général. Ils préparent comment exprimer le décor et tous réfléchissent à l’insertion des numéros dans le scénario.

Le cirque moderne est très différent du cirque traditionnel où il n’y a pas de lien entre les numéros qui se succèdent. A présent, c’est comme une pièce de théâtre avec une véritable histoire que l’on raconte. Cette année, par exemple, le thème était autour de la terre de de l’environnement. L’histoire débute avec un homme préhistorique interprété par un enfant déguisé, qui conquiert la terre (une boule d’équilibre décorée) et proposait alors un numéro d’équilibre devant le public.

Cette année, les enfants ont pu donner leur représentation sous un véritable chapiteau grâce à l’un de nos animateurs, artiste circassien qui se produit en spectacle. Cet événement a été composé en deux rendez-vous :

• Tous les enfants ont passé leurs diplômes avec des mouvements décomposés et des enchaînements travaillés tout au long de l’année, et qui ont été évalués.
• Puis la troupe des grands et des adultes s’est produit en spectacle, devant l’ensemble des familles.

Quels conseils donneriez-vous à un enfant qui souhaite faire du cirque ?

Je lui conseillerais de se renseigner pour trouver une association ou une école de cirque pas trop loin de chez lui. Le plus important est ensuite de tester et d’essayer avant de s’inscrire pour être sûr. Il y a souvent avoir des stages et des ateliers qui existent pour ça. Ensuite, il est important de faire connaissance avec les animateurs : le contact et la pédagogie sont très importants pour se sentir bien dans l’activité !

Souhaitez-vous nous partager d’autres choses ?

Pour une association ou une fédération telle que la FSCF, le cirque est une nouvelle activité qui peut attirer de nouveaux adhérents. Les valeurs du cirque peuvent parler à beaucoup d’adhérents de la FSCF et cette activité peut accueillir tous types d’enfants.

Un grand merci à Véronique Morel pour le soutien qu'elle apporte au cirque. La FSCF la remercie pour sa participation quotidienne au développement de cette activité, ainsi que pour avoir répondu à cette interview qui permettra à la discipline d'être davantage mise en avant.