Interview : Vincent GINET, entraîneur de l'équipe nationale de France de Gymnastique Féminine à la FSCF

FSCF Vincent Ginet citation

Vincent GINET est un entraîneur investi dans la gymnastique féminine et masculine au sein de la FSCF. Lors des championnats internationaux de 2017, il a été entraîneur de l'équipe nationale de France de la fédération pour la première fois. Au coeur de son interview, il se livre sur son parcours, son expérience, ses motivations et ses émotions : une interview qui restranscrit bien les valeurs portées par la FSCF et par le monde gymnique.

Pouvez-vous vous présenter succinctement et nous décrire votre parcours professionnel ?

J’ai 38 ans, je suis né le 08 Août 1979 à Chambéry. Je suis marié, et je suis l’heureux papa d’un garçon de 6 ans et d’une fille de 4 ans. Nous vivons dans une maison récente au pied des montagnes, à St-Pierre-d’Albigny en Savoie (situé entre Chambéry et Albertville).

J’ai fait toute ma scolarité à Chambéry, et ai réussi mon bac Sciences Médico-Sociales en 1997. En 1999, après avoir validé les épreuves du tronc commun l’année précédente, j’ai obtenu mon Brevet d’Etat d’Educateur Sportif des Activités Gymniques à Montceau-les-mines. Cela fait maintenant 19 ans que je suis salarié du club de l’Etoile Motteraine, club de gym masculine à La Motte-Servolex dans lequel j’ai débuté à l’âge de 6 ans, et pour lequel j’ai entraîné bénévolement avant de passer mes diplômes. J’ai commencé alors à entraîner tout en travaillant en tant que magasinier dans un supermarché. Mais mon but était de devenir pompier professionnel, et j’avais passé mon BE car mon club cherchait à se professionnaliser. Je ne pensais pas faire « carrière » dans la gym et je voulais au départ seulement rendre service. Après avoir réussi mon concours d’entrée chez les pompiers, j’ai quitté mon poste d’entraîneur. Seulement, un soucis de santé m’obligeait à renoncer à mon rêve et je suis donc retourné à l’Etoile Motteraine. Le club n’ayant pas les moyens de me proposer un temps plein, j’ai alors cherché d’autres clubs sur la région intéressés par mes services. J’ai pendant de nombreuses années entraîné 4 clubs en même temps. La vie de famille, la difficulté de mettre en place des choses constructives avec peu d’entraînements et la problématique de suivre correctement tous mes clubs en compétitions m’ont alors poussé à faire des choix. Actuellement je n’entraîne plus que 2 clubs, à mi-temps chacun : l’Etoile Motteraine donc, et St Pierre Sport Gymnastique, club de gymnastique féminine basé à St Pierre d’Albigny. Je donne également un peu de mon temps à la FSCF en intervenant sur de la formation de CQP, d’AF1 bi-qualifiant, ou sur des encadrements de stages départementaux, régionaux et nationaux.

Depuis quand entraînez-vous la gymnastique féminine ? Et la gymnastique féminine à la FSCF ?

J’entraîne à St Pierre d’Albigny, depuis le mois de Novembre 2004. Par hasard, lors d’une réunion de la ligue DSV en début de saison, et pour laquelle j’étais venu prendre des infos sur la saison sportive de gym masculine, j’ai été mis en relation avec le président de St pierre sport (accompagné pour l’occasion de Sandrine Macé qui a pris sa suite et est l’actuelle présidente du club) qui cherchait quelqu’un pour encadrer les filles du club (il n’y a pas de section masculine à St Pierre). Ce poste constituait une première pour moi qui n’avait jusqu’à présent jamais entraîné de gymnastique féminine. J’ai tout de suite bien accroché avec cette nouvelle expérience, ainsi qu’avec les personnes présentes à st pierre sport. Et puis c’est aussi là-bas que j’y ai rencontré ma femme qui entraîne actuellement avec moi.

J’ai aussi entraîné les Cyclamens de Chambéry et les Pervenches de La Motte-Servolex pendant quelques années, mais mon manque de disponibilité ne me permettait pas de m’investir comme je devais l’être afin de faire du bon travail, et j’ai alors préféré me concentrer à fond sur le club de St Pierre Sport.

Pourquoi vous avez choisi de vous spécialiser dans ce sport ?

J’ai toujours fait de la gym depuis mon plus jeune âge. Je voulais travailler ailleurs que dans un bureau, faire quelque chose de dynamique, et surtout apporter quelque chose aux autres. Ce sport m’a beaucoup apporté toute ma vie, et si je peux aider des jeunes en leur apportant à mon tour des valeurs, je suis heureux. Moi qui suis d’un naturel timide, le fait d’entraîner à été une véritable thérapie. Je n’ai jamais été un grand bavard, et la gym m’a permis d’échanger avec d’autres personnes, et m’a obligé à me faire violence afin de communiquer plus et mieux. Je suis un passionné de sport en général et j’aime le dépassement de soi. Apprendre à d’autres personnes à avoir confiance en elles est une chose qui me rend fier. J’ai eu deux entraîneurs dans ma jeunesse qui m’ont beaucoup transmis, et j’ai envie de faire comme eux. C’est un peu une manière de les remercier pour avoir participé à faire de moi l’homme que je suis aujourd’hui.

Vous avez été formé par la FSCF, que retirez-vous de cela ?

J’ai effectivement passé mes premiers diplômes avec la FSCF. Il s’agissait anciennement du 1er degré 1ère partie et du 1er degré 2ème partie. J’ai fait mon cursus avec des gyms d’autres clubs que je côtoyais fréquemment (stages de perfectionnement, compétitions) et qui sont devenus des amis. De même que les cadres qui m’ont formé sont des personnes qui étaient légèrement plus âgées que moi, avec qui j’avais aussi fait des stages de perfectionnement, et que je croise régulièrement sur les plateaux de compétitions. Tout mon parcours de formation FSCF a été marqué par un esprit convivial, voire même familial.

Cependant, je suis devenu professionnel du sport par le biais de la FFG avec qui j’ai passé mon BE. Il n’existait pas à mon époque de diplôme professionnel délivré par la FSCF. J’y ai rencontré des personnes formidables (stagiaires comme cadres), et notamment l’ancien entraîneur de l’équipe de France de gymnastique masculine M. Daniel Peteuil qui était quelqu’un de très humble et disponible malgré son statut. Il m’a beaucoup appris de choses sur la manière de m’investir dans mes entraînements. Il m’a donné goût à ce travail.

Je pense que quelque soit la fédération dans laquelle nous sommes, l’important est d’être à l’écoute des autres, et de faire en sorte que chacun avec ses caractéristiques propres progresse et se fasse plaisir. Nous faisons tous partie de la grande famille de la gymnastique et faisons tous au mieux pour rendre notre sport le plus beau possible.

Depuis combien de temps êtes-vous licencié à la FSCF ?

J’ai eu ma première licence en 1985… Mon club avait en ce temps la double affiliation. Par la suite, les membres responsables ont choisi de ne s’affilier qu’à la FSCF. Le club de St Pierre d’Albigny est affilié à la FSCF depuis sa création.

D’après vous, qu’est-ce que la FSCF apporte à la gymnastique de plus que les autres fédérations ?

Je ne connais pas assez bien les autres fédérations pour dire ce que l’on fait de mieux qu’elles. Comme je le disais plus haut, je pense que les valeurs de la gymnastique sont des valeurs universelles, et non pas le monopôle de telle ou telle fédération. Ce qui me plait en revanche à la FSCF, c’est le fait de pouvoir faire pratiquer et concourir toute personne qui le désire. Chaque gym à la possibilité de faire quelque chose avec ses propres capacités.

Selon vous, quels sont les qualités requises pour faire de la gymnastique?

La plus grande des qualités est la motivation. Certains enfants ont des capacités physiques supérieures à d’autres (souplesse, musculation, voire les 2), mais sans travail, rien ne sert d’avoir des prédispositions ! Il faut être motivé, se fixer des buts, et travailler pour les atteindre.

Ensuite comme pour tout sport, la réussite viendra d’un savant mélange travaillé longuement aux entrainements :

  • Être capable physiquement
  • Savoir techniquement
  • Vouloir mentalement

Et les atouts pour bien entraîner ?

Pour être un bon entraîneur, il faut savoir se mettre à la place de ses gyms et faire au mieux pour les comprendre, cerner leurs peurs, évaluer leurs forces et leurs faiblesses, et adapter le travail en fonction de chacun, mais aussi il faut savoir mettre des règles et faire respecter un cadre bien défini. Il faut être disponible, à l’écoute, et être dynamique et motivé. Si un entraîneur n’est pas dynamique, difficile pour un sportif de l’être de son côté. C’est au coach de transmettre, donner et entretenir l’envie. Ensuite, un entraîneur doit avoir connaissance des différents programmes, codes et mouvements afin d’adapter son travail aux exigences demandées.

Après tout cela, un bon entraîneur est souvent défini par les résultats de ses gyms, mais être un bon entraîneur ne se résume pas à des chiffres, et le côté humain est primordial. Car au final, quand nous partirons, que retiendront surtout les gens ? Nos titres ou la personne que nous étions ? Et puis les titres sont le fruit de beaucoup de paramètres (salle spécialisée, nombre de licenciées, nombre d’entraîneurs dans la structure, volume horaire d’entrainements…) bien différents en fonction des lieux où nous entraînons.

Cette année, pour la première fois, vous avez été entraîneur de l’équipe nationale de France FSCF lors des championnats internationaux. Que retirez-vous de cette expérience ?

Avant toute chose je voudrais remercier Marie-Agnès Dehaene de m’avoir proposé pour encadrer ces championnats. Et je remercie la FSCF d’avoir accepté de me faire confiance. J’ai été très honoré de coacher cette équipe, et d’avoir vécu cette aventure riche humainement. Cela m’a permis de rencontrer ou de faire plus ample connaissance avec des personnages importants dans la vie de notre fédération, et de revivre des moments forts que j’avais vécu en tant que gym auparavant. J’ai été très bien intégré au staff existant, et malgré mes quelques appréhensions préalables sur le déroulement de la compétition, tout s’est au final bien passé. Les filles ont présenté de la très belle gym, ont fait preuve de beaucoup de solidarité, et ont été exemplaires tout le week-end. Je tenais encore à toutes les féliciter et les remercier pour ce très bon week-end passé en leur compagnie. Cette expérience va me permettre d’avoir encore plus confiance en moi à l’avenir, et me montre que je suis sur la bonne voie et qu’il faut que je continue à travailler ainsi au quotidien si je veux pouvoir revivre de tels moments.

Si vous deviez donner un conseil à toutes les gymnastes qui débutent, que leur diriez-vous ?

Je leur dirais surtout que la gym est un sport magnifique mais difficile et qu’il demande beaucoup de travail. Qu’il faut savoir souffrir, se faire peur, mais que le résultat et la fierté de la réussite en valent la chandelle. Ce n’est pas spécifique à la gymnastique, mais quand on veut quelque chose il faut s’en donner les moyens !

Quel meilleur souvenir gardez-vous de vos années d’entraînement de gymnastique féminine à la FSCF ?

Difficile de retranscrire un seul souvenir sur toutes ces années d’entraînement. Mais si je devais ne retenir qu’une seule chose de ces dernières années, c’est ma rencontre avec ma femme au club de St Pierre d’Albigny. Cette rencontre a conditionné le reste de ma vie, et ma femme a contribué et contribue encore à faire de moi un homme meilleur.

Quelles sont vos plus grandes réussites/fiertés en tant qu’entraîneur de gymnastique féminine ?

Il m’est difficile de parler de moi, et encore plus d’évoquer les divers résultats que j’ai pu obtenir. Mais derrière chaque résultat, il y a surtout de belles histoires humaines, de belles rencontres et beaucoup de travail. Par contre je suis fier jusqu’à présent d’avoir su faire évoluer les clubs dans lesquels j’entraîne, et d’avoir donné mon maximum à chaque garçon ou fille que j’ai entraîné pour qu’il progresse et prenne du plaisir dans sa pratique.

Avant d’emmener les filles en compétition, quel est votre plus grand stress ?

Je ne stresse pas particulièrement pour les filles ou pour leurs mouvements. Bien sûr je souhaite qu’elles réussissent et ne se blessent pas, mais je suis plus focalisé sur mon rôle en tant qu’entraîneur. Je me dois de les mettre en bonne condition, ne rien oublier, vérifier les notes de départ, les rassurer ou les bouger en fonction de la situation… Je suis là pour qu’elles se sentent comme à l’entraînement. Mais si j’ai bien fait mon travail en amont, elles doivent être prêtes le jour de la compétition. Ensuite, c’est à elles de jouer et moi je deviens un spectateur privilégié.

Selon vous, quels sont les moments de préparation les plus importants avant une compétition ?

Toute la saison est importante. Il faut juste savoir doser les besoins de chacune, de faire les bons constats aux bons moments et d’ajuster son travail en fonction. La programmation est primordiale afin de savoir ce que l’on va travailler dans la saison. Ensuite, la gestion du stress est quelque chose qui intervient souvent. La peur de rater et de perdre est souvent mauvaise conseillère. Mais il faut arriver à se dire qu’on ne perd jamais. Soit on gagne, soit on apprend.

Quelles sont les particularités d’une manifestation à la FSCF ?

Mis à part les mouvements d’ensemble que nous avons en FSCF, une compétition de gym se déroule toujours de la même manière. Comme je le disais auparavant, je ne connais pas assez les autres fédés pour savoir ce qu’elles mettent en place de différent.

La fête de nuit et le festival des fédéraux par équipes sont des moments conviviaux, toujours très appréciés des gymnastes. Notre fédération met beaucoup de chose en place afin de rendre les clubs plus unis. Il y a de la rivalité, mais le respect des autres et le fair-play sont les valeurs phares de la FSCF.

Un grand merci à Vincent Ginet pour avoir pris le temps de répondre à ces questions, pour avoir accepté de partager son expérience auprès de tous les acteurs de la Fédération et pour contribuer au développement de la gymnastique féminine à la FSCF.