La coupe du monde en Afrique du Sud pour cette « mamie foot »

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À bientôt 60 ans, la Pontavéniste Marie-France Gosselet s'apprête à mettre le cap sur l'Afrique du sud et le Tournoi international de football des mamies. Une folle aventure, pour la présidente des Footeuses à tout âge, association affiliée à la FSCF.

Marie-France Gosselet l'annonce d'emblée : Moi, je ne joue pas très bien. Je tape dans le ballon. Et surtout, j'aide en défense.

Là n'est pas l'essentiel. Ce n'est pas parce qu'elle n'a pas l'énergie d'un MBappé ou la technique d'un Messi que cette presque sexagénaire n'aura pas droit, elle aussi, à sa coupe du monde de foot.

Mercredi, cette sportive de Pont-Aven (29) mettra le cap sur Tzaneen, dans la province du Limpopo, en Afrique du Sud, avec treize autres joueuses originaires de toute la France. Une équipe nationale des mamies foot, comme elles se surnomment, composée de femmes âgées de 52 à 68 ans. Elles n'auront alors que trois jours pour s'entraîner et apprendre à se connaître, avant le lancement du premier Tournoi international de football des mamies.

Cette compétition, qui aura lieu du 26 au 29 mars, rassemblera une vingtaine d'équipes, venues du Zimbabwe, de Zambie, des États-Unis, du Togo, du Malawi, de Guinée, de Lesotho, du Mozambique, de France et bien-sûr d'Afrique du sud.

Défaite sur le terrain victoire sur la douleur

En France, l'aventure des mamies foot est née en 2019. À l'époque, une équipe sud-africaine doit venir jouer en France. Mais ici, rien n'existe vraiment. Les résidences Sénioriales décident de lancer un appel, et réunissent un groupe d'une douzaine de femmes. Plusieurs ont des problèmes de santé. Parmi elles, deux Pontavénistes, Édith de Sterk et Marie-France Gosselet. On ne savait absolument pas jouer au foot, s'amuse encore cette dernière. Moi, j'avais juste fait du handball, quand j'étais jeune, et Édith du judo. On a perdu à 10 contre 0, raconte Marie-France. Mais le but c'était de se faire plaisir.

Pour les Sud-Africaines en revanche, le foot, c'est du sérieux. Le mouvement y a été lancé par Mama Beka. Un peu la Mère Teresa du Limpopo, explique la Pontavéniste. Atteinte d’un cancer, on lui avait dit qu’elle devait avoir une activité physique. Alors, elle s’est mise au foot. Marie-France souffre, pour sa part, de fibromyalgie. Une maladie très handicapante, source de fortes douleurs. Quand je joue, j’ai beaucoup moins mal, constate-t-elle. La douleur, on la met de côté. Ça me fait tellement de bien. C’est la double peine.

Après ce premier match, toutes ont voulu pérenniser l’expérience. L’association Footeuses à tout âge a été créée, Marie-France en a pris la présidence. L’idée est de montrer qu’on peut apprendre à jouer au foot à partir de 50 ans, dit-elle. Mais il a fallu se battre.

Pas facile de se faire reconnaître. L’âge, plus le fait d’être une femme, c’est la double peine. D’abord, trouver une fédération qui accepte de les accueillir. On nous proposait de monter une équipe loisirs. Ou de faire du foot en marchant. Mais nous, on veut courir.

Finalement, la Fédération sportive et culturelle de France a accepté de les intégrer. Puis il a fallu trouver des clubs qui veuillent bien entraîner des débutantes plus que quinqua. Le Quimper Kerfeunteun Football Club nous a reçues, explique-t-elle. Il a adhéré tout de suite au projet. Tous les samedis matin, on s’entraîne avec les petites de 9 ans.

On a des chances de ne pas être dernières. En 2020, c’est à Saint-Étienne, dans le mythique chaudron de Geoffroy-Guichard, que l’équipe avait l’honneur de jouer, en lever de  rideau d’un match de Ligue 1. Dans la foulée, un stage était organisé, à Quimper, en octobre 2021. Avec des femmes venues de tout le pays. On ne peut se retrouver que sur ce type d’événement, note la présidente d’une association qui ne compte que 21 adhérentes dans toute la France, dont 17 joueuses.

Des Bouches-du-Rhône, du Lot-et-Garonne, de l’Essonne, de Paris, de Dordogne, d’Isère et même de Martinique, toutes sont impliquées dans la préparation. Le plus dur : trouver des sponsors. Mercredi, une grande partie d’entre elles seront donc du voyage.

Beaucoup se rencontreront pour la première fois, à l’aéroport, à Paris. Ce qui ne les empêche pas d’avoir quelques ambitions, dans ce tournoi. Enfin, de petites ambitions… Ne pas prendre 10-0, annonce Marie-France. Disons qu’on a des chances de ne pas être dernières. Peu importe. Pour elles, ce sera avant tout une grande fête. On va s’amuser, surtout. Et ce qu’elle craint le plus ? Les troisièmes mi-temps. Elles sont redoutables.

Article issu du journal Le Télégramme paru le 20/03/2023