
Même si le bouche-à-oreille demeure extrêmement efficace, les médias digitaux le sont de plus en plus pour inciter les moins de trente ans à venir grossir les rangs du bénévolat. À condition de bien s’y prendre.
Tout part d’un constat sociétal qui ne souffre pas de contestation. En l’occurrence, le fait que les jeunes sont sur leur téléphone et Internet pour tout ou presque, sourit Isabelle Persoz, déléguée générale et fondatrice de Tous Bénévoles. Dès lors, on devine que les supports numériques sont inévitablement devenus, ère du temps oblige, un vecteur incontournable de leur recrutement comme bénévoles. Ainsi LinkedIn propose-t-il des opportunités essentiellement à un public qui suit déjà des études supérieures ou qui vient de faire son entrée sur le marché du travail. Mais outre les plateformes généralistes, il en existe - à l’image de www.pourquoipasmoi.org, www.jeveuxaider.gouv ou www.tousbenevoles.org - dont la finalité déclarée est exclusivement de mettre en relation les personnes qui cherchent à apporter leur précieux concours et les associations en quête de ce type de profil.
Nous nous sommes rendus compte, il y a une quinzaine d’années, que ces dernières n’avaient pas forcément envie de s’appuyer sur les jeunes, lesquels, au demeurant, le déploraient, précise Isabelle Persoz. Pour y remédier, nous avons créé le site www.jeuneetbenevole.org. Nous y avons classé les missions selon l’âge, les disponibilités et les centres d’intérêt des candidats. Par ailleurs, nous présentons les autres formes d’engagement que sont le service civique, les chantiers internationaux ou encore, le volontariat de la solidarité internationale afin que ceux qui veulent s’investir aient un maximum d’options d’autant que les jeunes aiment explorer les diverses voies auxquelles ils peuvent avoir accès.
Quant aux réseaux sociaux de type TikTok, Instagram et Snapchat, ils n’ont pas tant vocation à diffuser des annonces mais plutôt à donner à voir les structures en demande de bénévoles et à promouvoir certains projets qu’elles mènent telles une collecte ou l’organisation d’un événement-phare. Et ce, afin de rediriger, ensuite, les personnes intéressées sur leur site.
Toujours est-il que pour être attractif, il est vivement conseillé de rédiger la fiche selon un modus operandi qui soit attractif et qui parle aux nouvelles générations : La description doit être précise et claire afin que le postulant puisse véritable se projeter dans ce qu’il va faire et comprendre à quoi cela va servir, recommande Isabelle Persoz. Il est indispensable d’être dans le concret. Pour cela, le mieux est de présenter la mission comme si l’on en parlait à bâtons rompus avec un ami. Il convient à tout prix d’éviter d’employer un jargon et, par là même, de sous-entendre que le futur bénévole connaît déjà le domaine dans lequel il est susceptible d’évoluer. Il est indispensable d’adopter un style pédagogique avec des phrases courtes et de ne pas verser dans le discours moralisateur ou philosophique.
PAS UNE OFFRE D’EMPLOI EN BONNE ET DUE FORME
De surcroît, la présence d’un élément iconographique est nécessaire, que ce soit une vidéo ou, a minima, une photo. Autre item incontournable, les témoignages. Nous y croyons beaucoup car c’est une excellente façon de donner envie à d’autres, insiste Isabelle Persoz. C’est aussi à ce niveau-là que les réseaux sociaux sont intéressants. Sachant que parmi ceux qui aspirent à s’impliquer, il y en a autant qui ont une idée précise du secteur et de la manière dont ils entendent le faire que ceux qui sont ouverts à tout. Globalement, les causes les plus mobilisatrices sont la pauvreté et l’exclusion, en somme, le social. L’aspect humain est plébiscité.
Enfin, il est évidemment impératif que le formulaire à remplir soit aisé et rapide à compléter. Il ne s’agit pas qu’il soit fastidieux ni qu’il s’apparente à une offre d’emploi en bonne et due firme. On n’est absolument pas dans ce registre. L’envoi d’un CV et d’une lettre de motivation sont donc à proscrire de même que d’exiger une présence qui exclut toute forme de flexibilité ou qui soit trop monopolisante, par exemple, à raison de plusieurs jours par semaine sur un rythme récurrent. Il est crucial que l’altérité demeure un plaisir et non une servitude.
HACKATHON, DISCORD ET BIEN D’AUTRES ENCORE
Parallèlement, la Toile recèle une grande diversité d’outils numériques pour aller vers la jeunesse. Pas forcément, de prime abord, dans l’optique d’enrôler des bénévoles mais plutôt de se faire connaître en tant que structure ou de les associer à une opération. Tel est le cas du hackathon (évènement au cours duquel des développeurs bénévoles se réunissent durant plusieurs jours autour d'un projet collaboratif de programmation informatique ou de création numérique) ou du Téléthon Gaming de l’Association française contre les myopathies (AFM). Sans compter les plates-formes vocales et de messagerie instantanée comme Discord qui, au départ, s’adressaient essentiellement au adeptes des jeux vidéo et qui, au fil du temps, s’est ouverte à d’autres champs, y compris à des associations qui écoutent les jeunes et s’adressent à eux pour les impliquer à titre divers et à cultiver leur goût des autres.
Propos receuillis par Alexandre Terrini pour le magazine Les Jeunes.