Les activités artistiques sont-elles utiles aux jeunes ?

Les activités artistiques sont-elles utiles aux jeunes ?

Le plus souvent rejetée loin derrière les apprentissages fondamentaux, l’éducation artistique et culturelle ne coule tellement pas de source que ses objectifs sont toujours à justifier par ses défenseurs. Qu’en est-il précisément ?

Il ne viendrait à l’idée de personne de chercher à savoir si les apprentissages fondamentaux – dont le sport – ont un quelconque bien-fondé scientifique. Pourtant il en est un, qui, par sa marginalisation, invite régulièrement les « promoteurs » d’une éducation artistique et culturelle, et singulièrement la FSCF, à en justifier la pertinence et l’efficacité.

Dommage, mais dans ce domaine-là comme dans beaucoup d’autres, les recherches ont leurs limites, tant il est difficile, voire impossible, d’établir une corrélation quantifiable entre les acquisitions artistiques d’un enfant et leur incidence sur ses performances scolaires, puisque d’autres influences d’ordre familial ou parental, peuvent également jouer dans le même sens.

Tout résultat de recherche scientifiquement validé étant donc vain, il est impératif d’avoir l’ouverture d’esprit nécessaire pour accepter qu’une théorie objective de huit compétences-clés forgées par l’éducation artistique nous convainque. Quelles sont-elles ?

On notera d’abord le développement de l’empathie, qui peut se décliner aussi bien par la sympathie que par la conscience de la souffrance éprouvée par l’autre. Le poète René Char disait de l’expérience artistique qu’elle « ouvrait à la découverte des infinis visages du vivant ». Cette expérience est à l’opposé des apprentissages qui excluent la sensibilité.

La 2e compétence de l’éducation artistique est de favoriser la capacité à s’exprimer de façon personnelle, et celle de reconnaître la liberté d’expression. En rendant possible l’ouverture aux autres et la compréhension des autres, elle contrecarre les technologies modernes de communication qui appauvrissent le vocabulaire des adolescents. Cette compétence est vraie pour tous les arts.

Au 3e rang se place la capacité à se concentrer sur une tâche. Le travail sur la prise de recul par rapport à l’expression spontanée des émotions ouvre à une expérience différente de la notion de temps, et favorise ainsi l’aptitude à supporter les tensions dues à certaines confrontations. Plutôt que de se laisser emporter dans un déchaînement de réactions, elle oblige à la pondération et à la maîtrise de soi-même.

L’élève soumis au travail scolaire est, le plus souvent, habitué à chercher la seule et unique bonne réponse aux questions posées par l’enseignant, en suivant un ensemble de règles ou d’instructions, conçues comme des algorithmes. On lui forge ainsi une pensée dite « convergente », celle qui forme le « bon élève »… Mais il lui manque la pensée dite « divergente », celle qui forme les artistes et les chercheurs. Cette 4e compétence n’est développée que par une démarche de création artistique faisant appel à d’autres domaines de réflexion et d’action.

La 5e compétence, c’est la capacité à faire preuve d’originalité et d’audace par le développement de l’imaginaire et celui de l’observation, qu’elle soit auditive, visuelle ou sensitive. Elle permet de se construire un regard personnel sur le monde, et par là même, une personnalité et une réelle estime de soi.

Au 6e rang, on trouve la capacité à coopérer. Chacun sait que dans une démarche de projet, c’est la plupart du temps, la conception individuelle qui est valorisée. Et fort heureusement, de nombreux projets sont menés individuellement de bout en bout. Mais il en est d’autres, comme les projets artistiques, sportifs, humanitaires, scientifiques, économiques… qui nécessitent un travail collégial, gage d’efficacité. Ces projets-là seront, de fait, très facilement menés par des personnes ayant reçu une éducation artistique encourageant la coopération.

Elle est encore un vecteur de socialisation, c’est la 7e compétence. Elle permet en effet de soumettre son travail au regard des autres. Elle nourrit l’esprit critique, y compris celui que l’on doit exercer à l’égard de soi-même. Elle permet d’éviter de transformer l’estime de soi en autosatisfaction.

Cette aptitude à se situer dans le monde constitue, de toute évidence, la dimension culturelle de l’éducation artistique. C’est cette dimension-là qui lui confère une 8e compétence, celle de la reconnaissance de la diversité culturelle, et d’une conception de cette diversité ouverte au dialogue interculturel.

Parce que la FSCF « cultive le souci de comprendre son environnement » et de forger des compétences utiles aux jeunes, elle conçoit l’éducation artistique comme une formation à l’empathie et à la concentration, comme un encouragement à l’exploration de différents domaines de réflexion, comme un apprentissage à l’originalité, à l’audace, à la coopération, et fait d’elle un vecteur de socialisation par sa dimension culturelle.