L'histoire d'une photographie : la Fédération et la Légion d'honneur

Ils sont venus en nombre à Paris, au jardin des Tuileries, ce jour du 20 mars 1921. C’est qu’aujourd’hui est un jour spécial. Aujourd’hui, entouré de drapeaux et sous les acclamations de cinq mille gymnastes, le Maréchal Foch décore un fameux personnage : Paul Michaux, le fondateur de la Fédération Gymnastique et Sportive de France, qui prendra plus tard le nom bien connu de FSCF. Afin de mieux comprendre l’histoire et la portée de ce cliché, il est important de revenir vingt ans en arrière, en ce XIXe siècle déclinant qui allait sous peu laisser la place avec grand fracas au XXe siècle triomphant.

A l’aube de sa vie, la Fédération est née avec un drapeau dans la main gauche et une croix dans la main droite, Alors très jeune enfant, elle est élevée dans la Foi catholique et dans le respect des valeurs républicaines. C’est que Paul Michaux, Lorrain de naissance, français de cœur et chrétien d’âme a l’espoir tenace de reconquérir les provinces annexées par l’Allemagne en 1871. Lorsqu’il fonde la Fédération en 1898, en parallèle à l’instruction physique des jeunes français, il a comme but avoué de préparer cette fameuse réappropriation. Durant ses dix premières années d’existence, celle-ci forme la jeunesse à l’éducation physique et forme au Brevet Spécial d’Education Militaire.

Le 2 août 1914 dans les villages de France, le tocsin sonne. Après des années de tensions, c’est la guerre. L’ordre de mobilisation est donné. Le temps est venu pour la Fédé de remplir son devoir. Ils sont d'abord soixante mille puis cinquante mille de plus à partir sous les drapeaux. Près de cent-dix mille membres montent au front dans la Marne, dans la Somme, au Chemin des Dames ou à Verdun. Mais la Fédération n’en reste pas là. A l’arrière, sur l’initiative énergique de leur Président, les membres non mobilisés participent à l’effort national. Ils sont nombreux à travailler dans les champs ou à s’engager comme brancardiers ou infirmiers auprès des hôpitaux de fortune installés dans les gares de la capitale. En 1918, alors que sonne le glas aux morts après plus de quatre ans de conflit incessant, la Fédération rend hommage à ses vingt-quatre mille membres tombés au champ d’honneur, et soignait ses soixante-mille blessés.

Au front comme à l’arrière, la Fédération a apporté une aide considérable à la France en guerre, s’engageant comme une véritable patriote auprès de l’effort national. Voilà pourquoi ils sont nombreux en ce 20 mars 1921. Au nom de la République reconnaissante, Paul Michaux est fait chevalier de la Légion d’honneur. A travers lui, c’est toute la fédération, qui est récompensée pour son sacrifice et ses efforts au service de la nation. Alors Ferdinand Foch, s’adressant au Président de la FGSPF, déclara « Tu as été un des meilleurs artisans de la victoire ».