Marie-Amélie Fur : Une dynamique a été enclenchée en faveur du parasport

FSCF_marie-amélie-le-fur-dynamique-enclenchée-parasport

La présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) apprécie et décrypte l’apport des JOP 2024 en faveur d’un développement durable de l’handisport.

QUID DE L’HÉRITAGE DES JEUX PARALYMPIQUES, UN AN APRÈS ?

Il est important pour le parasport dans son ensemble. Avoir été le pays hôte a donné une visibilité et une aura particulières aux Jeux paralympiques et aux athlètes. Une dynamique a été enclenchée en faveur du parasport. C’est une thématique de plus en plus appréhendée par l’ensemble des acteurs en responsabilité : fédérations, collectivités, État, acteurs du handicap et de la santé, etc.

Paris 2024 a eu un effet catalyseur sur les projets portés en faveur de la pratique sportive des personnes en situation de handicap ; un effet tant sur la structuration de l’offre que sur la prise de conscience des personnes en situation de handicap de leur possibilité de faire du sport.

Ces évolutions peuvent s’appréhender à la lecture de quelques chiffres. Entre 2018 et 2024, le nombre de fédérations membres du CPSF est passé de 22 à 48. Et en seulement deux ans, les clubs para accueillants, eux, sont passés de 1 500 à 4 620, soit une augmentation de près de 200 %. Cela démontre à la fois la dynamique structurante des Jeux de Paris 2024 mais illustre également le chemin restant à parcourir pour structurer une offre cohérente dans tous les territoires.

ASSISTE-T-ON À UNE ÉVOLUTION DES MENTALITÉS ?

Oui, et cette évolution était essentielle pour parvenir à un changement d’échelle du mouvement paralympique dans la perspective des Jeux de Paris 2024. Un grand nombre d’acteurs, en particulier les collectivités, se sont responsabilisés sur ces sujets. Ils ont appris à travailler ensemble et se sont posé la question de l’élaboration d’une politique publique du sport adaptée aux personnes en situation de handicap. Ce qui nous a fait changer d’échelle, même si cette évolution n’est pas homogène.

Notre rôle, en tant que Comité paralympique, est d’être une ressource en appui de cette diversité d’acteurs. Ces Jeux ont permis d’instaurer le dialogue avec des acteurs tels que France Travail ou les Agences régionales de santé (ARS), et qui, jusque-là, étaient peu mobilisés sur les sujets de parasport. Désormais, l’enjeu du sport est véritablement perçu comme un outil de ce parcours de vie. Il faut maintenant que cette dynamique de réseaux se pérennise en continuant de relayer partout que le sport est structurant, a fortiori pour les personnes en situation de handicap.

Élaborer une politique publique incitative en faveur du parasport n’est pas qu’une question de moyens mais aussi d’intention, d'orientation et de valorisation. Par exemple, à l’échelle d’une collectivité, en octroyant davantage de créneaux horaires. C’est aussi une question d’intelligence collective et de transversalité, notamment en associant le champ du sport et celui de l’autonomie afin de déployer des actions plus cohérentes à périmètre budgétaire constant.

LES DEUX PRINCIPAUX ÉCUEILS RESTENT-ILS L’ACCESSIBILITÉ ET LE MANQUE DE FORMATION DES ENCADRANTS ?

La formation des clubs est un vrai sujet. Bien souvent, la peur de ne pas savoir accueillir est un frein au développement de l’offre sportive en local.

C’est pourquoi le CPSF, avec l’appui du ministère des sports, a lancé Club Inclusif. Conçu en partenariat avec la Fédération française handisport (FFH) et la Fédération française du sport adapté (FFSA), ce programme de sensibilisation de deux jours s’adresse à tous les clubs de sport dont les encadrants seront ensuite accompagnés pendant six mois par la FFH ou la FFSA.

Quant à la question de l’accessibilité, elle doit être envisagée de façon globale, tant en ce qui concerne l’enjeu des installations sportives, de la mobilité que des équipements individuels. Là encore, une action transversale des acteurs doit apporter des solutions concrètes tant sur le plan des infrastructures que de l’accessibilité financière.

UN CRU EXCEPTIONNEL 

Les Jeux paralympiques de 2024 ont été révolutionnaires, dixit le Comité international paralympique. Et ce, à tout point de vue. La cérémonie d’ouverture paralympique a ainsi été la première de l’histoire hors stade et s’est déroulée devant plus de 50 000 spectateurs et 10,2 millions de téléspectateurs français. Par ailleurs, ces Jeux ont été le théâtre d’innovations, tant pour les spectateurs (services d’audiodescription, tablettes tactiles, etc.) que pour les athlètes.

De son côté, France Télévisions a diffusé plus de 300 heures de direct offrant ainsi une visibilité inédite, en France, aux para sports. Près de 45 millions de Français ont d’ailleurs regardé les Jeux paralympiques.

Sur le terrain, les tricolores ont remporté la bagatelle de 75 médailles (19 d’or, 28 d’argent et 28 de bronze). C’est là leur meilleur résultat depuis les Jeux de Sydney en 2000. L’objectif de figurer dans le Top 8 au classement des médailles a été atteint et légitime celui de réintégrer le Top 5 des nations paralympiques, comme cela avait été le cas aux JO de Barcelone en 1992 (4e).

 

Propos recueillis par Alexandre Terrini pour le numéro 2597 du magazine Les Jeunes.