"Ninon Vallin 2021" : Régénérescence d'une très grande

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Le Dauphiné et le lyonnais constituent les territoires originels de cette soprano, reconnue internationalement. Une décade créative s'ouvre alentour.

Femme d'exception, Eugénie Vallin (dite "Ninon") reste une référence pour les mélomanes. Adoubée par Debussy, elle fut une des plus grandes parmi les cantatrices, un demi-siècle durant, amenant les plus grands compositeurs à écrire pour elle. Embarquée en 1913 pour l'Espagne puis longtemps l'Amérique du Sud, elle poursuit après-guerre une carrière sur les principales scènes lyriques du globe : près de 500 enregistrements, 2 films, moults passages radio... Et elle se sera produite : aux côtés de Caruso et B. Gigli, entre autres ténors ; en 1945 au Théâtre des Champs-Elysées avec Reynaldo Hahn ; aussi avec Piaf en 1948 à l’Alambra... Sa si large et variée tessiture demeure aujourd'hui, et une prouesse et une exception, tant les interprètes se sont depuis invariablement spécialisés.

Par delà les triomphes à Buenos Aires, New York, San Francisco, Chicago, Milan, Rome, Londres, Vienne, Kiev, Moscou, Mexico, Abidjan, le Caire, Tunis, Dakar, Budapest, Brasilia... jusqu'à l’Elysée devant le roi d’Angleterre, ou encore la Maison blanche où elle donne un concert pour le président américain... elle reste fidèle à ses souches natales créatives (Montalieu-Vercieu, Champier , Nantoin, Le Grand-Serre, Bourgoin) : chantant à la Côte-St-André et Vienne pour les inaugurations du Musée Berlioz (avec parmi les auditeurs, Claudel et Herriot) et du Théâtre antique restauré (« La Damnation » de Berlioz).

Libre, globe-trotteuse, inspirante

Sans doute était-elle intrépide : se passant d’agent pour gérer sa carrière, claquant la porte de l’opéra de Paris. Découvreuse et expérimentatrice, sans nul doute : voyageuse s'immergeant jusque dans les cultures Quechua voire Maori, réalisant la première forme de "vidéo-clip", joutant avec la poésie contemporaine. Et surtout, transmetteuse : enseignant au Conservatoire de Montevideo, et jusqu’à son décès à celui de Lyon, enfin tenant table ouverte en sa «Sauvagère» son havre rhôdanien.

Les 60 ans de sa disparition éveillent les initiatives : une création à Grenoble ; une école à son nom dans le Rhône ; la résurrection de la rose créée à son nom de son vivant ; enfin, des concerts et rendez-vous entre Isère et Lyonnais : concert-hommage en l'église de Vermelle ce 8 Septembre, jour-anniversaire de sa naissance.

Le fleuron Ninon Vallin inspire dorénavant de nouvelles sentes partageuses, à découvrir au fil de "NINON VALLIN 2021", à paraître en Octobre.

Florence Pailloud et Gilles Thorand

Propos recueillis et parus dans le journal l'Essor du 27/08/2021