Phosphène Photo : un autre regard « à fleur d’âmes »

Phosphène Photo : un autre regard « à fleur d’âmes »

Deux hommes, une femme, un nom : Phosphène Photo. Il n’en fallait pas plus à l’Association pour la Protection de l’Eglise de Vermelle pour tomber sous le charme de ce collectif nord isérois indépendant passionné de photos et plus particulièrement de photos de portraits.

Trois photographes aux profils bien différents mais à la maturité photographique commune et une solide amitié loin des clichés avec une grande liberté d’expression et l’envie de s’affranchir des codes traditionnels. Leur dénominateur commun c’est d’abord la créativité, le respect de l’autre dans sa démarche et dans ses choix mais aussi le désir d’être soi-même et de s’ouvrir aux autres. Une amitié photographique ou les coups de cœur se partagent aux coups de gueule avec le seul but que chaque photo dégage comme un supplément d’âme. Dans cette dynamique, Katia Antonoff, Gérald Holenstein et Thomas Alonzo présentent  « A Fleurs d’Ames » trois séries différentes, trois démarches aux antipodes  l’une de l’autre et surtout trois artistes atypiques et attachants.

Katia Antonoff : Coup de cœur à « Simone ».

C’est à 7 ans que Katia Antonoff reçoit son premier appareil photo mais elle a attendu longtemps avant de sauter le pas et de s’inscrire à un club. Parler de ses photos c’est ouvrir la porte vers la lumière qui lui permet de modeler un visage de plonger dans les regards d’en copier le reflet pour en  saisir une expression… Ses modèles, comme le ferait un peintre, sont des muses qui lui suggèrent une réflexion, une histoire à raconter ou une idée à défendre. Sa série de portraits en hommage à « Simone » sont le reflet d’une réelle complicité qui entraine le public dans ce fabuleux partage des émotions.

Gérald Holenstein : Fusion immédiate ou « Osmose ».

C’est sur les pas de Christian Chevallier puis  d’Alain Borjon  que le portrait s’offre à Gérald Holenstein qui avait découvert la photo argentique couleur lors de son Service National. De façon totalement intuitive il réalise des portraits, des scènes de vie et des paysages africains. Quelques années plus tard il s’inscrit dans un club photo ce qui lui donne les bases nécessaires pour comprendre se qui se passe dans un boitier et surtout être autonome. A Vermelle c’est la fusion immédiate ou « Osmose » qu’on le découvre, mariant  deux arts peinture et photo. Le premier s’inscrit dans le temps et le second  le fige, le fixe. L’idée était de créer une porte spatio-temporelle qui permet d’être bien présent dans une œuvre du passé. Un subterfuge, selon lui, qui autorise l’immersion dans différents tableaux. Ici tout se joue à la prise de vue, aucun montage ou calque informatique. Une simple action sur les contrastes avant le passage en Noir et Blanc.

Thomas Alonzo : Etrange et fascinant « Manifest ».

Thomas Alonzo c’est le petit dernier du trio qui a su trouver sa place avec sa part d’étrangeté,  une part d’ombre qu’il cultive à merveille. S’il est derrière l’objectif on le verrait bien devant une caméra avec son regard d’acier et son allure de beau gosse ténébreux auquel se mêle une part de timidité. Quand il crée une photo c’est pour mettre en scène ce qu’il voit de manière à remplacer la réalité par un moment imaginaire en laissant à chacun sa liberté d’interprétation. Des photos conceptuelles avec l’envie de se démarquer des autres. Cette série « Manifest » illustre une part d’ombre même s’il dit aimer jouer avec les couleurs et les luminosités. La photographie est pour lui un coloriage d’enfant avec un lieu, une scène et il en choisit les couleurs pour mettre en avant les défauts dont il fait des atouts. Photographe de l’extérieur il aime jouer avec la nature pour mettre en scène un univers fantastique.

Eglise de Vermelle. Du 21 Mai au 12 Juin. Vendredi, samedi et dimanche. De 14h à 19h. Entrée gratuite. Vernissage le samedi 21 Mai à 18h30.

Patricia Perry-Tricoche

Article issu du journal L'Essor Isère n°3630