Entre apogée et redéfinition : le temps de la Fédération sportive de France (1947-1968)

Un nouveau départ en fanfare…

Réunies le 1er janvier 1945, les dames du comité central représentant le RSF décident de se maintenir au sein de la FGSPF qui devient Fédération sportive de France (FSF) le 22 juin 1946. Les premiers pas sont encourageants : ses licenciés brillent aux jeux olympiques de Londres en 1948 rapportant dix médailles, dont une en or, celle d’Adrien Rommel (Championnet-Sport) en fleuret par équipe.

Les débuts de la FSF constituent aussi une phase importante de succession. Deux grands dirigeants historiques, le président François Hébrard (en poste depuis 1923) et son secrétaire général Armand  Thibaudeau (en poste depuis 1919), se retirent en 1954 et 1955. Le premier a sollicité un collègue de l’Institut catholique de Paris, Gilbert Olivier, pour lui succéder et un jeune, Robert Pringarbe, œuvre déjà aux côtés du secrétaire général depuis un an. Il doit faire ses preuves illico avec la célébration du soixantenaire en 1958. Le pari est réussi et ce sont encore 18 000 gymnastes et musiciens qui, du 3 au 6 juillet, défilent sur l’avenue des Champs-Élysées.

3352.jpg

Une crise existentielle pour une redéfinition de l’esprit fédéral

Deux crises majeures ponctuent ensuite la vie fédérale. La première concerne les rapports de l’État au monde sportif, avec des arrêtés de Maurice Herzog qui en 1962, semblent menacer à terme la liberté d'association et le bénévolat. En dépit des signes d’apaisement du ministre à l’égard de la fédération, les éditoriaux de la revue Les Jeunes s’enflamment, bientôt suivis du premier recours administratif d’une fédération sportive à l’égard de son administration de tutelle : une fois de plus, la fédération est pionnière !

La seconde concerne les premières mises à l’écart des patronages dans de nombreuses paroisses. À la suite de la guerre de 1914, dans certains cercles du clergé français, des réserves sur la pérennité de l’usage missionnaire d’un sport à goût de guerre s’étaient déjà élevées. Les associations commencent à perdre leurs prêtres-directeurs et parfois leurs locaux et installations. Les relations entre l’Église et la FSF se distendent.

Jusqu’au milieu des années soixante, le lien étroit qui unissait les patronages aux paroisses rendait superflu tout essai de définition de ce qui fait l’affinité de la fédération, désignée souvent comme l’esprit fédéral. Dans ce contexte conflictuel, les évènements de 1968 sont pour la fédération l’occasion d’une remise en cause. Un comité de réflexion se réunit à partir de cette date pour définir les grandes lignes de la vision fédérale. Trois publications et seize ans plus tard, le Document fédéral fondamental est né. L’ouvrage définit toujours l’engagement spécifique de la fédération, défendant une vision humaniste de la pratique sportive qui doit avant tout contribuer à l’épanouissement individuel, dans le respect du niveau, des idées et des particularités de chacun.

Une révolution culturelle en marche

Cependant, à côté du sport, les associations posent bientôt d’autres questions. Un Centre de liaison inter-foyers-clubs (CLI) animé par Jacques Fournier (Les Bleus Blancs de Paris) apparaît dès 1954 à Paris alors qu’en Alsace une Union régionale des loisirs (URL) dirigée par Marcel Rudloff se développe à partir de 1960. Les activités d’éducation populaire des foyers-clubs existent dans beaucoup de patros et veulent se structurer. Ces nouveaux venus, dynamiques et entreprenants, frappent donc à la porte et Les Jeunes se remplissent dès lors d’articles sur les ateliers manuels, la lecture, le cinéma, le montage audio-visuel… L’abbé Jacques Fournier est le porte-parole et l’artisan de cette évolution des activités fédérales.

Lors de l’assemblée générale de novembre 1964, les congressistes adoptent la proposition du Comité central pour le changement de nom : la F.S.F ajoute à son sigle le C de la culture. La fédération étant reconnue d’utilité publique, le Conseil d’Etat est nécessaire pour l’officialisation de l’accord du changement. Permission accordée… le 13 mars 1968.

Les activités fédérales apparues sous la FSF :

  • Hockey : en mai 1948, le premier tournoi fédéral est remporté par le Rhône Sportif Terraux de Lyon.
  • Boules : quelques mois plus tard, en septembre 1948, le premier championnat fédéral de boules se tient à Lyon.
  • Tir : le 1er septembre 1952, la Jeanne d’Arc de Clermont-Ferrand devient championne du premier concours fédéral de tir prémilitaire.
  • Cyclotourisme : la fédération lance en 1954 l’idée éphémère du cyclotourisme alliant pratique sportive et découverte des paysages et des lieux culturels français.
  • Natation : pendant vingt ans, les bassins fédéraux sont restés calmes. Les championnats reprennent en 1954 à la piscine Hébert de Paris.
  • Volley-ball : le 10 mai 1954, Tourcoing Sports et la Dionysienne Hellemmes s’affrontent dans une finale nordiste pour remporter le premier titre fédéral, attribué aux Tourquennois.
  • Chant-choral : 16 chorales participent au premier concours orphéonique et de chorales de Beaugency le 4 mars 1956.
  • Handball : le 13 mai 1956, l’Etoile sportive Gargan-Livry remporte le premier titre fédéral en battant la Saint-Bruno de Bordeaux 18 à 8.
  • Judo : le 3 juin 1961 se tiennent les premiers championnats fédéraux.
  • Haltérophilie : en mai 1968, la première édition des championnats fédéraux a lieu à Paris. Un rendez-vous qui ne se réitérera qu’en 1969 avant de disparaître.