L'exemple des filles

l'histoire et l'évolution de la pratique gymnique féminine FSCF

La fédération sportive et culturelle de France organisait les vendredi 26, samedi 27 et dimanche 28 juin 2014, les championnats nationaux de Gymnastique artistique féminine par équipes fédéral F-F1 à Arnas. À cette occasion, la commission Histoire et Patrimoine du Lyonnais montait une exposition sur l'histoire et l'évolution de la pratique gymnique féminine.

Avant et après la tempête :

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La commission souhaitait particulièrement montrer la spécificité de cette pratique à la FSCF : une pratique collective, guidée par des valeurs humaines et solidaires. Cela devient manifeste à l'occasion des championnats nationaux pendant lesquels les familles et nombreux spectateurs peuvent admirer les mouvements d'ensemble. Environ 1800 gyms filles, ce dimanche-là à Arnas, exécutant toutes ensemble les mêmes gestes, dans un même élan : ces démonstrations sont emblématiques de la FSCF.

Cette exposition fut l'occasion de montrer que le sport et la culture sont liés : par la tradition sportive et par l'histoire. Les chants fédéraux autrefois, aujourd'hui encore les mouvements d'ensemble, constituent une culture sportive qui accompagne constamment la pratique du sport. Une pratique en constante évolution au fil du temps.

Morceaux choisis

À l’origine, les mouvements d’ensemble sont exécutés par les garçons, dans un esprit de corps militaire. La FSCF s’appelle alors union des sociétés de Gymnastique et d'Instruction militaire des patronages et des œuvres de jeunesse de France, puis fédération gymnastique et sportive des patronages de France. Elle forme de futurs soldats.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, la pratique féminine se développe, d’abord indépendamment de la pratique masculine. Les gymnastes filles exécutent aussi des mouvements d’ensemble. 

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Quand, en 1940, le rayon sportif féminin est forcé d’intégrer la FGSPF sous le régime de Vichy, la fédération devient, de fait, mixte, mais les directions techniques restent parallèles. Après la guerre, le RSF est resté au sein de la FGSPF devenue la fédération sportive de France en 1947.

Pour le cinquantenaire de la fédération en 1948, filles et garçons concourent à Paris, au Parc des Princes, les 7 et 8 août. Décrivant la démonstration offerte par les filles qui surpassent les garçons au moment de l’exécution du mouvement, Robert Hervet utilise des termes à connotation militaire :

Bien rangés, au garde-à-vous, filles et garçons répondaient aux dernières consignes, données d'un micro planté sur le podium du maître des cérémonies. Ils étaient deux mille peut-être, prêts à pratiquer l'évolution qui allait couronner deux journées inoubliables...

Alors l'eau dégringola à pleins seaux, généreusement. Et je revois, sans tambours ni trompettes, les garçons s'enfuir comme des lapins, sans demander leur reste. Les rangs des filles demeuraient solides comme des rocs. Quelques-unes subirent bien l'exemple du sexe dit fort, mais le gros de la troupe ne faiblit pas et j'entends encore, comme si j'étais là, devant l' « envoi », M. Maucurier s'écrier, bien fort, bien virilement : GARÇONS !... REGARDEZ LES FILLES... REGARDEZ LES FILLES... ELLES RESTENT À LEURS PLACES... […]

Les filles du R.S.F. 1948 seraient-elles plus stoïques, plus « spartiates » que les garçons des jours du cinquantenaire ? Pourtant que de souvenirs il serait facile d'invoquer, qui prouvent parfois le cran des gymnastes de la « Fédé »...

Dommage qu'ils aient signé, pour quelques secondes de pluie, cette image. Quand on a pris le départ, il ne faut pas abandonner en route, malgré les intempéries, et les filles ont montré plus de volonté, plus de courage que les garçons. Le fait est là...

Il était nécessaire, à cause de l'exemple qu'elles ont donné, qu'elles fussent au Parc des Princes.

[…] le festival de Paris a essentiellement symbolisé ce rassemblement de jeunes filles et de jeunes gens se réclamant, d'un même idéal, d'une même fédération.

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Les Jeunes, numéro spécial, 1er septembre 1948 (don à la commission Histoire et Patrimoine du Lyonnais d’André Chorot de la Jeune Garde de Villefranche ; aussi disponible sur Gallica.bnf.fr.)

Les années 50-70

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1960, fonds Claudette Drago (CD de la Loire)

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Royan, 1963, fonds Béatrice Bernard (CD Rhône – Métropole de Lyon)

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Poissy, 1964, fonds fédéral

Les années 80-90

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1983, fonds Claudette Drago (CD de la Loire)

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Années 1980-1990, fonds Dominique Barraux (CD Rhône – Métropole de Lyon)

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Épagny, 1990, fonds fédéral

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À Arnas, la pluie battante a poussé tout le monde à l’abri à l’intérieur du gymnase

TÉMOIGNAGES

Mélissa, service civique engagée par le CD Rhône pour aider à la préparation de ce fédéral Gym filles 2014, fut une gymnaste de très haut niveau de la fédération française de Gymnastique. Elle ne connaissait pas la FSCF auparavant et elle a été séduite par les mouvements d’ensemble et ce qu’ils représentent de l’esprit FSCF. Elle en témoigne :

Je ne connaissais pas les mouvements d’ensemble, puisqu’ils ne se pratiquent pas en FFG et j’avoue avoir été séduite par le principe.

En FFG, la gymnastique se vit plutôt comme un sport individuel où les performances individuelles priment sur les performances collectives. Les mouvements d’ensemble de la FSCF permettent à toutes les gym de travailler ensemble. Ils mettent en avant un esprit de partage qui n’est pas véhiculé dans les sports individuels. Les gymnastes deviennent alors solidaires entre elles puisqu’elles effectuent toutes le même mouvement sans contraintes de niveau et de performances sportives. Pour moi, les mouvements d’ensemble aident à ancrer dans l’esprit des gym les valeurs du sport telles que l’esprit d’équipe et l’entraide.